5 septembre 1793 : « La Terreur à l'ordre du jour ».
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5 septembre 1793 : « La Terreur à l'ordre du jour ».
5 septembre 1793 : « La Terreur à l'ordre du jour ».
Le 5 septembre 1793, l'avocat Bertrand Barère, membre du Comité de Salut Public (le gouvernement républicain) demande à la Convention nationale de prendre toutes les mesures propres à sauver les acquis de la Révolution. L'assemblée met «la Terreur à l'ordre du jour».
La chasse aux suspects.
La Révolution, il est vrai, est alors menacée de toutes parts, l'exécution du roi et la persécution des prêtres ayant retourné contre elle l'opinion de la plupart des Européens et des Français.
Le dimanche 10 mars 1793, la Convention décrétait la levée en masse de 300.000 hommes pour protéger les frontières. Le 28 mars, à l'instigation de Danton, Robespierre et Marat, elle institue un Tribunal criminel extraordinaire, plus tard appelé Tribunal révolutionnaire, pour juger les traîtres à la patrie et les opposants au nouveau régime républicain ! Antoine Fouquier-Tinville, magistrat impitoyable, assume la charge d'accusateur public.
Il va user dès lors de son autorité pour envoyer à la guillotine aussi bien d'innocents suspects que Charlotte Corday, meurtrière de Marat, l'ex-reine Marie-Antoinette ou des chefs de la Révolution comme ses propres amis Danton, Robespierre et même son cousin Camille Desmoulins.
Des députés de la mouvance de Brissot et Vergniaud tentent de modérer la répression. Ils mettent en accusation Jean-Paul Marat, qui multiplie les appels à la violence dans son Journal de la République française, mais celui-ci est disculpé par le Tribunal révolutionnaire. Après son retour triomphal à l'assemblée, le 24 avril 1793, il traque à son tour les Brissotins ou Girondins avec l'appui des sans-culottes et les fait arrêter les 31 mai et 2 juin.
Le Comité de sûreté générale, en charge de la police depuis le 10 août 1792, prend en main la répression. Essentiellement composé de députés montagnards, parmi lesquels le peintre Louis David, il traque les suspects et les défère auprès du Tribunal révolutionnaire.
Plusieurs députés girondins arrivent à s'enfuir dans les départements et organisent la riposte. À Caen, une jeune fille romanesque, Charlotte Corday, boit les paroles du député Barbaroux et décide d'assassiner Marat, qu'elle accuse d'être à la racine de tous les maux.
Elle se rend à son domicile, où le tribun soigne un eczéma douloureux. Elle obtient à force de persuasion un entretien particulier et le poignarde tandis qu'il prend note de la liste des conspirateurs girondins du Calvados, qu'elle feint de lui livrer.
Las, cet assassinat, le 13 juillet 1793, réveille les passions des Parisiens. Le député et peintre Louis David fait un superbe tableau de Marat, mort dans sa baignoire : La Révolution assassinée ! Il obtient que sa dépouille soit inhumée au Panthéon au lieu et place de Mirabeau, dont a découvert depuis peu les coupables compromissions (Marat sera à son tour expulsé du Panthéon deux ans plus tard, sous la réaction thermidorienne).
La Révolution chancelle. Une coalition européenne menace d'envahir la jeune République. Les généraux se révèlent incompétents et/ou corrompus, la Vendée et plusieurs grandes villes (Lyon, Toulon...) sont en état de rébellion, l'assignat n'en finit pas de perdre de sa valeur, les prix flambent et le chômage s'étend...
C'est dans ces conditions qu'est officiellement décrétée la Terreur le 5 septembre 1793. Le 17 septembre suivant, l'assemblée vote la loi des suspects qui permet l'arrestation de ceux qui «n'ayant rien fait contre la Liberté, n'ont rien fait pour elle». Autant dire que tout le monde est menacé. En onze mois (septembre 1793-juillet 1794), la Terreur va jeter un voile sanglant sur la Révolution française.
La loi du maximum général.
À Paris, la rue gronde. Les sans-culottes, traditionnels soutiens des députés de gauche et du Comité de Salut public, s'indignent de la dégradation de la situation économique, du chômage, des pénuries et de l'inflation. Il proclament haut et fort «Guerre aux accapareurs».
Pour les satisfaire et conserver leur soutien, les députés de la Convention votent le 29 septembre la loi du «maximum général» qui bloque les salaires et les prix. Elle impose un prix maximum pour les produits de première nécessité, variable selon les régions et en général supérieur d'un tiers aux prix courants de 1790. Le maximum des salaires est quant à lui de moitié supérieur au niveau moyen de 1790.
C'est la première fois qu'un gouvernement intervient de la sorte sur le marché. Mais cette première forme d'économie administrée se solde par une impopularité sans précédent. Instantanément, les greniers et les magasins se vident de leurs marchandises. Chacun achète tout ce qu'il peut pendant qu'il est temps et les paysans dissimulent leurs récoltes plutôt que de les vendre à vil prix. Le gouvernement tente de réagir en appliquant des peines très dures aux contrevenants, y compris la prison et la guillotine.
Course à la guillotine.
Comme la situation ne semble qu'empirer, le Comité de Salut public décide d'accentuer la répression dans une fuite en avant quelque peu schizophrène, sans voir que la répression aveugle alimente la contre-révolution.
L'un de ses membres, Louis Antoine Saint-Just (27 ans), accuse les fonctionnaires de corruption et à tout le moins de laxisme, notamment dans l'application de la loi sur le maximum général sur les salaires et les prix.
«Il est impossible que les lois révolutionnaires soient exécutées si le gouvernement lui-même n'est constitué révolutionnairement», lance-t-il à la tribune de l'Assemblée le 10 octobre. «Il n'y a point de prospérité à espérer tant que le dernier ennemi de la liberté respirera. Vous avez à punir non seulement les traitres, mais les indifférents mêmes : vous avez à punir quiconque est passif dans la République et ne fait rien pour elle...».
À son initiative est adopté ce jour-là un décret qui proclame : «Le gouvernement de la France sera révolutionnaire jusqu'à la paix». La guillotine tourne bientôt à plein régime et comme cela ne suffit pas, Robespierre va encore amplifier la Terreur avec le décret du 22 prairialAn II (10 juin 1794).
Fabienne Manière
Une semaine d'Histoire du 5 Septembre 2011 au 11 Septembre 2011 avec Herodote.net
Le 5 septembre 1793, l'avocat Bertrand Barère, membre du Comité de Salut Public (le gouvernement républicain) demande à la Convention nationale de prendre toutes les mesures propres à sauver les acquis de la Révolution. L'assemblée met «la Terreur à l'ordre du jour».
La chasse aux suspects.
La Révolution, il est vrai, est alors menacée de toutes parts, l'exécution du roi et la persécution des prêtres ayant retourné contre elle l'opinion de la plupart des Européens et des Français.
Le dimanche 10 mars 1793, la Convention décrétait la levée en masse de 300.000 hommes pour protéger les frontières. Le 28 mars, à l'instigation de Danton, Robespierre et Marat, elle institue un Tribunal criminel extraordinaire, plus tard appelé Tribunal révolutionnaire, pour juger les traîtres à la patrie et les opposants au nouveau régime républicain ! Antoine Fouquier-Tinville, magistrat impitoyable, assume la charge d'accusateur public.
Il va user dès lors de son autorité pour envoyer à la guillotine aussi bien d'innocents suspects que Charlotte Corday, meurtrière de Marat, l'ex-reine Marie-Antoinette ou des chefs de la Révolution comme ses propres amis Danton, Robespierre et même son cousin Camille Desmoulins.
Des députés de la mouvance de Brissot et Vergniaud tentent de modérer la répression. Ils mettent en accusation Jean-Paul Marat, qui multiplie les appels à la violence dans son Journal de la République française, mais celui-ci est disculpé par le Tribunal révolutionnaire. Après son retour triomphal à l'assemblée, le 24 avril 1793, il traque à son tour les Brissotins ou Girondins avec l'appui des sans-culottes et les fait arrêter les 31 mai et 2 juin.
Le Comité de sûreté générale, en charge de la police depuis le 10 août 1792, prend en main la répression. Essentiellement composé de députés montagnards, parmi lesquels le peintre Louis David, il traque les suspects et les défère auprès du Tribunal révolutionnaire.
Plusieurs députés girondins arrivent à s'enfuir dans les départements et organisent la riposte. À Caen, une jeune fille romanesque, Charlotte Corday, boit les paroles du député Barbaroux et décide d'assassiner Marat, qu'elle accuse d'être à la racine de tous les maux.
Elle se rend à son domicile, où le tribun soigne un eczéma douloureux. Elle obtient à force de persuasion un entretien particulier et le poignarde tandis qu'il prend note de la liste des conspirateurs girondins du Calvados, qu'elle feint de lui livrer.
Las, cet assassinat, le 13 juillet 1793, réveille les passions des Parisiens. Le député et peintre Louis David fait un superbe tableau de Marat, mort dans sa baignoire : La Révolution assassinée ! Il obtient que sa dépouille soit inhumée au Panthéon au lieu et place de Mirabeau, dont a découvert depuis peu les coupables compromissions (Marat sera à son tour expulsé du Panthéon deux ans plus tard, sous la réaction thermidorienne).
La Révolution chancelle. Une coalition européenne menace d'envahir la jeune République. Les généraux se révèlent incompétents et/ou corrompus, la Vendée et plusieurs grandes villes (Lyon, Toulon...) sont en état de rébellion, l'assignat n'en finit pas de perdre de sa valeur, les prix flambent et le chômage s'étend...
C'est dans ces conditions qu'est officiellement décrétée la Terreur le 5 septembre 1793. Le 17 septembre suivant, l'assemblée vote la loi des suspects qui permet l'arrestation de ceux qui «n'ayant rien fait contre la Liberté, n'ont rien fait pour elle». Autant dire que tout le monde est menacé. En onze mois (septembre 1793-juillet 1794), la Terreur va jeter un voile sanglant sur la Révolution française.
La loi du maximum général.
À Paris, la rue gronde. Les sans-culottes, traditionnels soutiens des députés de gauche et du Comité de Salut public, s'indignent de la dégradation de la situation économique, du chômage, des pénuries et de l'inflation. Il proclament haut et fort «Guerre aux accapareurs».
Pour les satisfaire et conserver leur soutien, les députés de la Convention votent le 29 septembre la loi du «maximum général» qui bloque les salaires et les prix. Elle impose un prix maximum pour les produits de première nécessité, variable selon les régions et en général supérieur d'un tiers aux prix courants de 1790. Le maximum des salaires est quant à lui de moitié supérieur au niveau moyen de 1790.
C'est la première fois qu'un gouvernement intervient de la sorte sur le marché. Mais cette première forme d'économie administrée se solde par une impopularité sans précédent. Instantanément, les greniers et les magasins se vident de leurs marchandises. Chacun achète tout ce qu'il peut pendant qu'il est temps et les paysans dissimulent leurs récoltes plutôt que de les vendre à vil prix. Le gouvernement tente de réagir en appliquant des peines très dures aux contrevenants, y compris la prison et la guillotine.
Course à la guillotine.
Comme la situation ne semble qu'empirer, le Comité de Salut public décide d'accentuer la répression dans une fuite en avant quelque peu schizophrène, sans voir que la répression aveugle alimente la contre-révolution.
L'un de ses membres, Louis Antoine Saint-Just (27 ans), accuse les fonctionnaires de corruption et à tout le moins de laxisme, notamment dans l'application de la loi sur le maximum général sur les salaires et les prix.
«Il est impossible que les lois révolutionnaires soient exécutées si le gouvernement lui-même n'est constitué révolutionnairement», lance-t-il à la tribune de l'Assemblée le 10 octobre. «Il n'y a point de prospérité à espérer tant que le dernier ennemi de la liberté respirera. Vous avez à punir non seulement les traitres, mais les indifférents mêmes : vous avez à punir quiconque est passif dans la République et ne fait rien pour elle...».
À son initiative est adopté ce jour-là un décret qui proclame : «Le gouvernement de la France sera révolutionnaire jusqu'à la paix». La guillotine tourne bientôt à plein régime et comme cela ne suffit pas, Robespierre va encore amplifier la Terreur avec le décret du 22 prairialAn II (10 juin 1794).
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À mon très grand ami Patrice († 58).
À ma petite belle-fille Gaëlle († 31).
Décor "simpliste" sur lequel nous avions rejoué, à 9 joueurs, la Bataille d'Eylau en 1807.
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