5 septembre 1798 : Naissance du service militaire.
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5 septembre 1798 : Naissance du service militaire.
5 septembre 1798 : Naissance du service militaire.
Le 19 fructidor An VI (5 septembre 1798), sous le Directoire, Jean-Baptiste Jourdan, à l'assemblée des Cinq-Cents et ancien vainqueur de Fleurus, fait voter une loi qui institue la conscription et le service militaire obligatoire. L'article premier de la loi Jourdan énonce : «Tout Français est soldat et se doit à la défense de la patrie».
Avec la loi Jourdan, la guerre n'est plus réservée à des professionnels comme sous l'Ancien Régime, quand les souverains recrutaient les soldats parmi les vagabonds et les officiers parmi les jeunes nobles en mal d'aventures et de gloire.
«C'en est fini des armées de métier, formées de nobles et de mercenaires. Le peuple entier est appelé à mourir sur les champs de bataille. La Révolution égalitariste banalise un privilège jusqu'alors réservé à quelques-uns. Elle démocratise la gloire et le trépas» (René Sédillot, Le coût de la Révolution française).
Fabienne Manière
De la milice médiévale à la conscription.
Il existait au Moyen Âge et jusqu'à l'aube de la Révolution une forme de service militaire : la milice, composée de célibataires recrutés par tirage au sort. Les miliciens devaient pendant six ans se tenir à la disposition du souverain pour défendre leur territoire en cas d'invasion. Ce système était assez peu contraignant mais très impopulaire à cause des abus qu'en faisaient les agents du roi et de son caractère inégalitaire : seuls étaient astreints à servir les paysans et manouvriers pauvres.
La conscription apparue sous la Révolution est autrement plus contraignante. Elle puise ses origines dans le règlement militaire instauré en 1733 par le roi de Prusse Frédéric-Guillaume 1er. Ce règlement permet au «Roi-Sergent» d'étoffer les effectifs de son armée en recrutant des cantonistes dans chaque canton en fonction des besoins.
La «levée en masse».
Très impopulaire en France comme ailleurs, la milice est réprouvée dans son principe par les cahiers de doléances de 1789.
Mais le 11 juillet 1792, effrayée par la menace d'invasion étrangère, l'Assemblée législative proclame la «Patrie en danger» et lance un vibrant appel aux volontaires, avec un résultat très relatif. Aux côtés des vétérans de l'ancienne armée royale, les nouveaux engagés remportent la victoire de Valmy. Toutefois, ils ne suffisent pas à apporter la paix...
Comme le pays est désormais menacé par une première coalition européenne et que les bonnes volontés s'épuisent, la Convention nationale recourt le 24 février 1793 à la «levée en masse» de 300.000 hommes, recrutés parmi les célibataires et veufs de 18 à 45 ans par les départements de la manière qui leur convient (tirage au sort, désignation...).
Ce retour à grande échelle de l'ancienne milice débouche sur des désertions en nombre et des soulèvements. Les paysans renâclent et, pire que tout, les Vendéens se soulèvent ! La Révolution n'en est pas moins sauvée une nouvelle fois l'année suivante, en juin 1794, par la victoire de Fleurus.
La propagande voit dans cette victoire le triomphe des «volontaires de l'An II». Mais n'exagérons rien : sur 1.200.000 hommes appelés en 1794, on compte pas moins de 800.000 déserteurs, rappelle l'historien Pierre Gaxotte. Beaucoup de ceux qui restent dans l'armée sont des vagabonds, recrutés contre récompense, les «héros de 500 livres» selon le surnom que leur donnent les insurgés vendéens.
La conscription entre dans les moeurs.
Avec la chute de Robespierre et l'avènement du Directoire, la Révolution prend un tour conservateur. Les anciens conventionnels se montrent par-dessus tout soucieux de jouir de leurs richesses fraîchement acquises. Pour sortir la France de ses difficultés économiques, ils ne trouvent rien de mieux que de s'engager dans des guerres de conquêtes.
C'est alors que le Directoire, par la loi Jourdan, oblige tous les jeunes gens entre 20 et 25 ans à s'inscrire sur les registres communaux pour faire face à la menace d'une deuxième coalition européenne. Cette «conscription» a pour objet de faciliter une levée en masse. Les citoyens sont appelés sous les drapeaux sur ordre ou par tirage au sort, avec possibilité pour les plus fortunés de se trouver un remplaçant.
Les conscrits se disposent à un service de cinq ans. Ils sont répartis en 5 classes et chaque année sont appelées une ou plusieurs classes en fonction des besoins militaires. La loi Jourdan suscite encore plus de réticences que la levée en masse de 93. Il y a beaucoup de réfractaires et le Directoire a le plus grand mal à recruter les effectifs souhaités.
Après la paix d'Amiens, en 1802, le Premier Consul Napoléon Bonaparte se garde d'abroger la loi Jourdan et quand reprend la guerre, il prend l'habitude d'y recourir pour compléter les effectifs de la Grande Armée. C'est seulement à la chute de l'Empire, avec le retour à la stabilité et à la paixn que la loi Jourdan est abolie par le roi Louis XVIII, au grand soulagement de l'opinion.
Le bel avenir de la conscription.
Au cours du XIXe siècle, les besoins militaires imposent le recours à une conscription allégée, laissant une grande place aux exemptions et aux remplacements.
Le 21 mars 1905, tandis que le ciel européen se couvre à nouveau de nuages et que surgit la menace allemande, le gouvernement de Maurice Rouvier instaure le service militaire obligatoire pour tous les citoyens mâles et pour une durée de deux ans, sur le modèle allemand. Il n'est plus question de dispenses ou de tirage au sort. En pleine guerre religieuse, l'opinion républicaine se réjouit de voir les «curés sac au dos».
Quand éclate la Grande Guerre de 1914-1918, les généraux, qui disposent avec la conscription d'armées nombreuses et de soldats non professionnels, sont incités à multiplier les offensives meurtrières.
Cette tragédie entraîne certains officiers à repenser le service militaire. En 1934, le colonel Charles de Gaulle dénonce les effets nocifs de la conscription et préconise la création d'une armée mécanisée et formée de professionnels éprouvés (Vers l'armée de métier, Berger-Levrault).
Au XXe siècle, seules les deux principales démocraties du monde, le Royaume-Uni et les États-Unis, persistent à ignorer la conscription permanente : elles n'instaurent le service militaire obligatoire qu'à titre provisoire, pendant les grandes crises internationales. À l'encontre des idées convenues qui voient dans les armées de conscrits un rempart contre la tyrannie, toutes les dictatures, de Lénine à Pinochet, s'appuient sur de telles armées.
Commentaire : une disparition très douce.
En France, la conscription a été, par-delà tous ses défauts, un outil essentiel d'intégration de l'ensemble des populations vivant sur le sol français. Grâce au service militaire et au combat au coude à coude dans les tranchées, des jeunes d'horizons très différents et ne parlant pas la même langue maternelle ont appris à se reconnaître les uns et les autres et à s'estimer.
Le 28 mai 1996, le président de la République française, Jacques Chirac, a annoncé la fin du service militaire obligatoire au détour d'une allocution télévisée. La décision a été spontanément approuvée par les éditorialistes, la classe politique et l'opinion publique. La loi du 28 octobre 1997 a officialisé cette décision en «suspendant» la conscription. Celle-ci pourra être rétablie en cas de crise grave menaçant l'existence de la nation.
Les derniers conscrits ont fêté la «quille» en 2002, soit plus de deux siècles après le vote de la loi Jourdan. Ce faisant, la France s'est alignée sur les démocraties à l'anglo-saxonne (Royaume-Uni, États-Unis, Pays-Bas...), en se satisfaisant d'une armée de métier.
Avec un peu de recul, la suppression du service militaire obligatoire apparaît comme la réforme la plus importante de toutes celles qui auront été engagées sous la présidence de Jacques Chirac (mise à part la suppression du franc, programmée de longue date par le traité de Maastricht).
D'aucuns regrettent qu'elle n'ait pas été remplacée par un service civil obligatoire et universel à un moment où se pose la difficulté d'intégrer à la Nation les jeunes Français issus de l'immigration récente.
Une semaine d'Histoire du 5 Septembre 2011 au 11 Septembre 2011 avec Herodote.net
Le 19 fructidor An VI (5 septembre 1798), sous le Directoire, Jean-Baptiste Jourdan, à l'assemblée des Cinq-Cents et ancien vainqueur de Fleurus, fait voter une loi qui institue la conscription et le service militaire obligatoire. L'article premier de la loi Jourdan énonce : «Tout Français est soldat et se doit à la défense de la patrie».
Avec la loi Jourdan, la guerre n'est plus réservée à des professionnels comme sous l'Ancien Régime, quand les souverains recrutaient les soldats parmi les vagabonds et les officiers parmi les jeunes nobles en mal d'aventures et de gloire.
«C'en est fini des armées de métier, formées de nobles et de mercenaires. Le peuple entier est appelé à mourir sur les champs de bataille. La Révolution égalitariste banalise un privilège jusqu'alors réservé à quelques-uns. Elle démocratise la gloire et le trépas» (René Sédillot, Le coût de la Révolution française).
Fabienne Manière
De la milice médiévale à la conscription.
Il existait au Moyen Âge et jusqu'à l'aube de la Révolution une forme de service militaire : la milice, composée de célibataires recrutés par tirage au sort. Les miliciens devaient pendant six ans se tenir à la disposition du souverain pour défendre leur territoire en cas d'invasion. Ce système était assez peu contraignant mais très impopulaire à cause des abus qu'en faisaient les agents du roi et de son caractère inégalitaire : seuls étaient astreints à servir les paysans et manouvriers pauvres.
La conscription apparue sous la Révolution est autrement plus contraignante. Elle puise ses origines dans le règlement militaire instauré en 1733 par le roi de Prusse Frédéric-Guillaume 1er. Ce règlement permet au «Roi-Sergent» d'étoffer les effectifs de son armée en recrutant des cantonistes dans chaque canton en fonction des besoins.
La «levée en masse».
Très impopulaire en France comme ailleurs, la milice est réprouvée dans son principe par les cahiers de doléances de 1789.
Mais le 11 juillet 1792, effrayée par la menace d'invasion étrangère, l'Assemblée législative proclame la «Patrie en danger» et lance un vibrant appel aux volontaires, avec un résultat très relatif. Aux côtés des vétérans de l'ancienne armée royale, les nouveaux engagés remportent la victoire de Valmy. Toutefois, ils ne suffisent pas à apporter la paix...
Comme le pays est désormais menacé par une première coalition européenne et que les bonnes volontés s'épuisent, la Convention nationale recourt le 24 février 1793 à la «levée en masse» de 300.000 hommes, recrutés parmi les célibataires et veufs de 18 à 45 ans par les départements de la manière qui leur convient (tirage au sort, désignation...).
Ce retour à grande échelle de l'ancienne milice débouche sur des désertions en nombre et des soulèvements. Les paysans renâclent et, pire que tout, les Vendéens se soulèvent ! La Révolution n'en est pas moins sauvée une nouvelle fois l'année suivante, en juin 1794, par la victoire de Fleurus.
La propagande voit dans cette victoire le triomphe des «volontaires de l'An II». Mais n'exagérons rien : sur 1.200.000 hommes appelés en 1794, on compte pas moins de 800.000 déserteurs, rappelle l'historien Pierre Gaxotte. Beaucoup de ceux qui restent dans l'armée sont des vagabonds, recrutés contre récompense, les «héros de 500 livres» selon le surnom que leur donnent les insurgés vendéens.
La conscription entre dans les moeurs.
Avec la chute de Robespierre et l'avènement du Directoire, la Révolution prend un tour conservateur. Les anciens conventionnels se montrent par-dessus tout soucieux de jouir de leurs richesses fraîchement acquises. Pour sortir la France de ses difficultés économiques, ils ne trouvent rien de mieux que de s'engager dans des guerres de conquêtes.
C'est alors que le Directoire, par la loi Jourdan, oblige tous les jeunes gens entre 20 et 25 ans à s'inscrire sur les registres communaux pour faire face à la menace d'une deuxième coalition européenne. Cette «conscription» a pour objet de faciliter une levée en masse. Les citoyens sont appelés sous les drapeaux sur ordre ou par tirage au sort, avec possibilité pour les plus fortunés de se trouver un remplaçant.
Les conscrits se disposent à un service de cinq ans. Ils sont répartis en 5 classes et chaque année sont appelées une ou plusieurs classes en fonction des besoins militaires. La loi Jourdan suscite encore plus de réticences que la levée en masse de 93. Il y a beaucoup de réfractaires et le Directoire a le plus grand mal à recruter les effectifs souhaités.
Après la paix d'Amiens, en 1802, le Premier Consul Napoléon Bonaparte se garde d'abroger la loi Jourdan et quand reprend la guerre, il prend l'habitude d'y recourir pour compléter les effectifs de la Grande Armée. C'est seulement à la chute de l'Empire, avec le retour à la stabilité et à la paixn que la loi Jourdan est abolie par le roi Louis XVIII, au grand soulagement de l'opinion.
Le bel avenir de la conscription.
Au cours du XIXe siècle, les besoins militaires imposent le recours à une conscription allégée, laissant une grande place aux exemptions et aux remplacements.
Le 21 mars 1905, tandis que le ciel européen se couvre à nouveau de nuages et que surgit la menace allemande, le gouvernement de Maurice Rouvier instaure le service militaire obligatoire pour tous les citoyens mâles et pour une durée de deux ans, sur le modèle allemand. Il n'est plus question de dispenses ou de tirage au sort. En pleine guerre religieuse, l'opinion républicaine se réjouit de voir les «curés sac au dos».
Quand éclate la Grande Guerre de 1914-1918, les généraux, qui disposent avec la conscription d'armées nombreuses et de soldats non professionnels, sont incités à multiplier les offensives meurtrières.
Cette tragédie entraîne certains officiers à repenser le service militaire. En 1934, le colonel Charles de Gaulle dénonce les effets nocifs de la conscription et préconise la création d'une armée mécanisée et formée de professionnels éprouvés (Vers l'armée de métier, Berger-Levrault).
Au XXe siècle, seules les deux principales démocraties du monde, le Royaume-Uni et les États-Unis, persistent à ignorer la conscription permanente : elles n'instaurent le service militaire obligatoire qu'à titre provisoire, pendant les grandes crises internationales. À l'encontre des idées convenues qui voient dans les armées de conscrits un rempart contre la tyrannie, toutes les dictatures, de Lénine à Pinochet, s'appuient sur de telles armées.
Commentaire : une disparition très douce.
En France, la conscription a été, par-delà tous ses défauts, un outil essentiel d'intégration de l'ensemble des populations vivant sur le sol français. Grâce au service militaire et au combat au coude à coude dans les tranchées, des jeunes d'horizons très différents et ne parlant pas la même langue maternelle ont appris à se reconnaître les uns et les autres et à s'estimer.
Le 28 mai 1996, le président de la République française, Jacques Chirac, a annoncé la fin du service militaire obligatoire au détour d'une allocution télévisée. La décision a été spontanément approuvée par les éditorialistes, la classe politique et l'opinion publique. La loi du 28 octobre 1997 a officialisé cette décision en «suspendant» la conscription. Celle-ci pourra être rétablie en cas de crise grave menaçant l'existence de la nation.
Les derniers conscrits ont fêté la «quille» en 2002, soit plus de deux siècles après le vote de la loi Jourdan. Ce faisant, la France s'est alignée sur les démocraties à l'anglo-saxonne (Royaume-Uni, États-Unis, Pays-Bas...), en se satisfaisant d'une armée de métier.
Avec un peu de recul, la suppression du service militaire obligatoire apparaît comme la réforme la plus importante de toutes celles qui auront été engagées sous la présidence de Jacques Chirac (mise à part la suppression du franc, programmée de longue date par le traité de Maastricht).
D'aucuns regrettent qu'elle n'ait pas été remplacée par un service civil obligatoire et universel à un moment où se pose la difficulté d'intégrer à la Nation les jeunes Français issus de l'immigration récente.
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À mon très grand ami Patrice († 58).
À ma petite belle-fille Gaëlle († 31).
Décor "simpliste" sur lequel nous avions rejoué, à 9 joueurs, la Bataille d'Eylau en 1807.
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