7 octobre 2001 : « Guerre contre le terrorisme » en Afghanistan.
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GermanKits :: L'Histoire jour après jour, Grandes batailles de blindés, Faits d'armes, Guerre après 1945. :: L'Histoire jour après jour, avant 1914 et après 1945. :: Ça c'est passé un jour d'Octobre (avant 1914 et après 1945).
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7 octobre 2001 : « Guerre contre le terrorisme » en Afghanistan.
7 octobre 2001 : « Guerre contre le terrorisme » en Afghanistan.
L'intervention internationale en Afghanistan est la conséquence directe des attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center de New York et le Pentagone de Washington et de leurs 3.000 morts.
Une rapide enquête des services secrets américains montre que l'Afghanistan abrite Oussama Ben Laden et les camps d'entraînement de l'organisation terroriste Al-Qaida, à l'origine des attentats.
Depuis 1996, le pays est sous la coupe d'une mouvance islamiste obscure, formée dans les écoles coraniques du Pakistan voisin. Ses membres sont appelés talibans, d'un mot arabe qui signifie étudiant. Ils appartiennent pour l'essentiel à l'ethnie pachtoune, dominante en Afghanistan et très fortement représentée dans les zones tribales du Pakistan, de l'autre côté de la frontière.
Coalition internationale
À la demande de Washington, le Conseil de Sécurité des Nations Unies exige du gouvernement afghan la «livraison immédiate et inconditionnelle» de Ben Laden. Le refus des talibans, sans appel, enclenche une riposte militaire.
Les États-Unis appellent tous les pays à les rejoindre au sein d'une vaste coalition contre le terrorisme. Leurs alliés traditionnels (Royaume-Uni, Australie...) et bien d'autres pays (Japon...) répondent présents, formant une coalition d'une vingtaine de pays.
Au Pakistan, le général Musharraf, au pouvoir depuis son coup d'État de 1999, se place résolument dans le camp américain car il craint d'être renversé par les islamistes, de plus en plus influents dans ce grand pays particulièrement instable.
Des manifestations contre le soutien apporté aux États-Unis secouent le Pakistan cependant qu'en Afghanistan, les talibans exhortent la population à se préparer au djihad.
Une victoire militaire éclair
Dans la nuit du 7 au 8 octobre 2001 surviennent les premières frappes américaines en Afghanistan, dans le cadre d'une opération baptisée «Enduring Freedom» («Liberté Immuable»). Dans le pays même, les opposants aux talibans redressent la tête : les successeurs du commandant Massoud, assassiné le 9 septembre 2001, de l'ethnie tadjik, s'allient avec les tribus hazaras de confession chiite et forment l'Alliance du Nord.
Face à l'ampleur des bombardements, les talibans se replient dans les provinces du sud, tandis que les combattants d'Al-Qaida se concentrent dans le nord du pays. Le 13 novembre, les troupes de l'Alliance du Nord entrent dans Kaboul, la capitale désertée par les talibans. Peu de temps après a lieu la conférence inter-afghane de Bonn, qui réunit les différentes factions de l'opposition aux talibans, sous les auspices de l'ONU.
La conférence porte Hamid Karzaï, un Pachtoun, à la tête d'un gouvernement intérimaire. Elle constitue également une force internationale dirigée par l'OTAN sous mandat de l'ONU, composée de soldats d'une quarantaine de nations. L'Afghanistan n'en reste pas moins partagé en zones d'influence des chefs de guerre régionaux...
Des lendemains qui déchantent
Certes, le régime des talibans s'est écroulé à peine quelques semaines après les premières frappes américaines, mais, sept ans plus tard, force est de constater que la situation ne s'est pas améliorée !
Malgré l'appui initial de l'ancien roi Zaher Chah, revenu de son exil français et désormais décédé, le gouvernement d'Hamid Karzaï, rongé par la corruption, peine à asseoir sa légitimité. Ni le mollah Omar ni Oussama Ben Laden, chefs d'Al-Qaida, n'ont été capturés.
Depuis le printemps 2003, les États-Unis sont également engagés sur le front irakien, engagement auquel se sont opposées la France, l'Allemagne, la Russie et les Nations Unies.
Au-delà de cette opposition, qui mine la légitimité des États-Unis auprès d'une partie de la communauté internationale, les Américains sont confrontés en Irak à une guérilla multiforme, essentiellement urbaine (tandis que celle d'Afghanistan s'appuie sur les zones rurales) et à forte composante interconfessionnelle (chiites contre sunnites).
Parallèlement, le raidissement du régime iranien, orchestré par le président Ahmadinejad depuis 2005, et le désordre politique au Pakistan (luttes d'influence entre civils et militaires, assassinat de Benazir Bhutto, montée du sentiment anti-américain) multiplient les points de tension dans la région.
Des Afghans tiraillés
Les talibans, revigorés par l'enlisement des Américains en Irak et le discrédit du nouveau gouvernement, ont repris le contrôle de presque tout le sud du pays et se trouvent à nouveau aux portes de Kaboul. Ils seraient environ 20.000, un nombre auquel il faudrait ajouter les «brigades internationales» d'Al-Qaida.
Si ces dernières sont très mal perçues par la population afghane, il n'en va pas de même des talibans. En dépit de leur brutalité et de leur rigorisme, ils apparaissent de plus en plus comme les champions de l'indépendance nationale et comme des patriotes en lutte contre un envahisseur étranger, comme à l'époque où les moudjahiddines luttaient contre l'armée soviétique.
Face à eux, l'armée régulière afghane constitue une institution dans laquelle une bonne partie de la population ne se reconnaît pas, notamment à cause de la surreprésentation parmi les soldats de l'ethnie tadjike, un héritage de la «victoire» de l'Alliance du Nord. D'anciens moudjahiddines ayant combattu contre les Soviétiques sont devenus gouverneurs de province et font régner autour d'eux une corruption généralisée.
Reléguant l'Irak à l'arrière-plan, le président américain George Bush Jr tente sans grand succès de reprendre la main en Afghanistan...
D'aucuns se rappellent alors - mais un peu tard - qu'avant l'OTAN, les Anglais au XIXe siècle puis les Soviétiques au siècle suivant s'étaient déjà cassé les dents sur la résistance afghane, malgré leur suprématie militaire. Aux États-Unis ressurgit le souvenir de l'enlisement au Vietnam tandis que s'installe le doute sur la probabilité de «vaincre le terrorisme» par les armes au milieu d'une population de plus en plus hostile et plus accoutumée à la guerre qu'à la paix... Ce n'est pas demain que les stratèges de l'OTAN transformeront l'Afghanistan en une nouvelle Suisse !
Conclusion provisoire
Barack H. Obama, successeur de Bush à la Maison Blanche en janvier 2009, promet un retrait progressif de la coalition dès la mi-2011... Mais le temps lui est compté et le risque demeure d'un effondrement du gouvernement Karzai, de violences ciblées contre les humanitaires et les soldats de la coalition ou encore du soulèvement d'une population excédée par les bombardements à l'aveugle.
Tôt ou tard, si le conflit ne déborde pas vers le Pakistan et l'Iran voisins, les Occidentaux en arriveront vraisemblablement à un compromis avec les talibans du même type que celui du 26 mai 1879. Par le traité anglo-afghan de Gandamak, les Afghans obtinrent de rester maîtres chez eux mais s'engagèrent à maintenir à distance les Russes, rivaux des Britanniques... Sans doute prendront-ils un jour le même engagement à propos d'Al-Qaida.
Béatrice Roman-Amat
Une semaine d'Histoire du 3 Octobre 2011 au 9 Octobre 2011 avec Herodote.net
L'intervention internationale en Afghanistan est la conséquence directe des attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center de New York et le Pentagone de Washington et de leurs 3.000 morts.
Une rapide enquête des services secrets américains montre que l'Afghanistan abrite Oussama Ben Laden et les camps d'entraînement de l'organisation terroriste Al-Qaida, à l'origine des attentats.
Depuis 1996, le pays est sous la coupe d'une mouvance islamiste obscure, formée dans les écoles coraniques du Pakistan voisin. Ses membres sont appelés talibans, d'un mot arabe qui signifie étudiant. Ils appartiennent pour l'essentiel à l'ethnie pachtoune, dominante en Afghanistan et très fortement représentée dans les zones tribales du Pakistan, de l'autre côté de la frontière.
Coalition internationale
À la demande de Washington, le Conseil de Sécurité des Nations Unies exige du gouvernement afghan la «livraison immédiate et inconditionnelle» de Ben Laden. Le refus des talibans, sans appel, enclenche une riposte militaire.
Les États-Unis appellent tous les pays à les rejoindre au sein d'une vaste coalition contre le terrorisme. Leurs alliés traditionnels (Royaume-Uni, Australie...) et bien d'autres pays (Japon...) répondent présents, formant une coalition d'une vingtaine de pays.
Au Pakistan, le général Musharraf, au pouvoir depuis son coup d'État de 1999, se place résolument dans le camp américain car il craint d'être renversé par les islamistes, de plus en plus influents dans ce grand pays particulièrement instable.
Des manifestations contre le soutien apporté aux États-Unis secouent le Pakistan cependant qu'en Afghanistan, les talibans exhortent la population à se préparer au djihad.
Une victoire militaire éclair
Dans la nuit du 7 au 8 octobre 2001 surviennent les premières frappes américaines en Afghanistan, dans le cadre d'une opération baptisée «Enduring Freedom» («Liberté Immuable»). Dans le pays même, les opposants aux talibans redressent la tête : les successeurs du commandant Massoud, assassiné le 9 septembre 2001, de l'ethnie tadjik, s'allient avec les tribus hazaras de confession chiite et forment l'Alliance du Nord.
Face à l'ampleur des bombardements, les talibans se replient dans les provinces du sud, tandis que les combattants d'Al-Qaida se concentrent dans le nord du pays. Le 13 novembre, les troupes de l'Alliance du Nord entrent dans Kaboul, la capitale désertée par les talibans. Peu de temps après a lieu la conférence inter-afghane de Bonn, qui réunit les différentes factions de l'opposition aux talibans, sous les auspices de l'ONU.
La conférence porte Hamid Karzaï, un Pachtoun, à la tête d'un gouvernement intérimaire. Elle constitue également une force internationale dirigée par l'OTAN sous mandat de l'ONU, composée de soldats d'une quarantaine de nations. L'Afghanistan n'en reste pas moins partagé en zones d'influence des chefs de guerre régionaux...
Des lendemains qui déchantent
Certes, le régime des talibans s'est écroulé à peine quelques semaines après les premières frappes américaines, mais, sept ans plus tard, force est de constater que la situation ne s'est pas améliorée !
Malgré l'appui initial de l'ancien roi Zaher Chah, revenu de son exil français et désormais décédé, le gouvernement d'Hamid Karzaï, rongé par la corruption, peine à asseoir sa légitimité. Ni le mollah Omar ni Oussama Ben Laden, chefs d'Al-Qaida, n'ont été capturés.
Depuis le printemps 2003, les États-Unis sont également engagés sur le front irakien, engagement auquel se sont opposées la France, l'Allemagne, la Russie et les Nations Unies.
Au-delà de cette opposition, qui mine la légitimité des États-Unis auprès d'une partie de la communauté internationale, les Américains sont confrontés en Irak à une guérilla multiforme, essentiellement urbaine (tandis que celle d'Afghanistan s'appuie sur les zones rurales) et à forte composante interconfessionnelle (chiites contre sunnites).
Parallèlement, le raidissement du régime iranien, orchestré par le président Ahmadinejad depuis 2005, et le désordre politique au Pakistan (luttes d'influence entre civils et militaires, assassinat de Benazir Bhutto, montée du sentiment anti-américain) multiplient les points de tension dans la région.
Des Afghans tiraillés
Les talibans, revigorés par l'enlisement des Américains en Irak et le discrédit du nouveau gouvernement, ont repris le contrôle de presque tout le sud du pays et se trouvent à nouveau aux portes de Kaboul. Ils seraient environ 20.000, un nombre auquel il faudrait ajouter les «brigades internationales» d'Al-Qaida.
Si ces dernières sont très mal perçues par la population afghane, il n'en va pas de même des talibans. En dépit de leur brutalité et de leur rigorisme, ils apparaissent de plus en plus comme les champions de l'indépendance nationale et comme des patriotes en lutte contre un envahisseur étranger, comme à l'époque où les moudjahiddines luttaient contre l'armée soviétique.
Face à eux, l'armée régulière afghane constitue une institution dans laquelle une bonne partie de la population ne se reconnaît pas, notamment à cause de la surreprésentation parmi les soldats de l'ethnie tadjike, un héritage de la «victoire» de l'Alliance du Nord. D'anciens moudjahiddines ayant combattu contre les Soviétiques sont devenus gouverneurs de province et font régner autour d'eux une corruption généralisée.
Reléguant l'Irak à l'arrière-plan, le président américain George Bush Jr tente sans grand succès de reprendre la main en Afghanistan...
D'aucuns se rappellent alors - mais un peu tard - qu'avant l'OTAN, les Anglais au XIXe siècle puis les Soviétiques au siècle suivant s'étaient déjà cassé les dents sur la résistance afghane, malgré leur suprématie militaire. Aux États-Unis ressurgit le souvenir de l'enlisement au Vietnam tandis que s'installe le doute sur la probabilité de «vaincre le terrorisme» par les armes au milieu d'une population de plus en plus hostile et plus accoutumée à la guerre qu'à la paix... Ce n'est pas demain que les stratèges de l'OTAN transformeront l'Afghanistan en une nouvelle Suisse !
Conclusion provisoire
Barack H. Obama, successeur de Bush à la Maison Blanche en janvier 2009, promet un retrait progressif de la coalition dès la mi-2011... Mais le temps lui est compté et le risque demeure d'un effondrement du gouvernement Karzai, de violences ciblées contre les humanitaires et les soldats de la coalition ou encore du soulèvement d'une population excédée par les bombardements à l'aveugle.
Tôt ou tard, si le conflit ne déborde pas vers le Pakistan et l'Iran voisins, les Occidentaux en arriveront vraisemblablement à un compromis avec les talibans du même type que celui du 26 mai 1879. Par le traité anglo-afghan de Gandamak, les Afghans obtinrent de rester maîtres chez eux mais s'engagèrent à maintenir à distance les Russes, rivaux des Britanniques... Sans doute prendront-ils un jour le même engagement à propos d'Al-Qaida.
Béatrice Roman-Amat
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_________________
À mon très grand ami Patrice († 58).
À ma petite belle-fille Gaëlle († 31).
Décor "simpliste" sur lequel nous avions rejoué, à 9 joueurs, la Bataille d'Eylau en 1807.
Jacknap1948- Administrateur
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Date d'inscription : 28/03/2011
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Humeur : Généralement bonne.
DUDU33- Generalleutnant
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Re: 7 octobre 2001 : « Guerre contre le terrorisme » en Afghanistan.
Salut Fabrice.DUDU33 a écrit:
Merci pour ta visite.
Jacques.
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À ma petite belle-fille Gaëlle († 31).
Décor "simpliste" sur lequel nous avions rejoué, à 9 joueurs, la Bataille d'Eylau en 1807.
Jacknap1948- Administrateur
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