22 octobre 1962 : Ultimatum de Kennedy à Khrouchtchev.
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22 octobre 1962 : Ultimatum de Kennedy à Khrouchtchev.
22 octobre 1962 : Ultimatum de Kennedy à Khrouchtchev.
Le 22 octobre 1962, dans un discours mémorable prononcé d'une voix grave, le président américain John Fitzgerald Kennedy lance un ultimatum à peine voilé aux Soviétiques et à leur chef, Nikita Khrouchtchev, secrétaire général du Parti et président du Conseil des ministres.
Il conclut son discours sur une note très grave : «Le prix de la liberté est élevé. Mais l'Amérique l'a toujours payé». Le monde tremble dans la crainte d'une guerre nucléaire entre les deux superpuissances.
Coup de bluff
Une semaine plus tôt, des photos aériennes prises par un avion-espion U2 ont révélé au président américain que les Soviétiques étaient en train d'installer des bases de lancement de fusées à tête nucléaire sur l'île de Cuba, à 200 kilomètres de la Floride et à portée immédiate des métropoles américaines.
Kennedy s'entretient le 19 octobre dans le salon ovale de la Maison Blanche de ce casus belli avec le général en chef de l'aviation (US Air Force) Curtis Le May. Ce dernier est partisan d'employer la manière forte.
Le président préfère le bluff et, dans son discours du 22 octobre, annonce une «quarantaine» autour de Cuba pour empêcher les navires communistes de livrer le matériel destiné aux bases de missiles. Avec ce blocus (un acte de guerre qui ne dit pas son nom), on frôle à tout moment l'incident qui pourrait dégénérer en troisième guerre mondiale.
Renversement des alliances
La crise des fusées est l'aboutissement d'un spectaculaire revirement des relations entre Washington et La Havane.
Le 1er janvier 1959, à Cuba, un jeune guerillero, Fidel Castro, a mis fin à l'interminable dictature de Fulgencio Batista avec le soutien discret des États-Unis. Sous l'impulsion d'Ernesto «Che» Guevara, fervent marxiste originaire d'Argentine, Fidel Castro élimine ses opposants et nationalise à tour de bras l'économie, y compris les investissements américains sur l'île. Cela lui vaut de se fâcher avec Washington.
La CIA organise un débarquement d'opposants dans la Baie des Cochons le 16 avril 1961. C'est un fiasco. Isolé et sans ressources, Fidel Castro n'a plus d'autre issue que de se jeter dans les bras de l'URSS qui offre de lui acheter rubis sur l'ongle tout le sucre produit sur l'île. Il ne peut refuser à son nouvel allié l'installation de fusées sur son sol en réplique au déploiement de fusées américaines en Turquie et en Italie.
Après la crise des fusées, Fidel Castro basculera irréversiblement dans le camp soviétique et se déclarera marxiste-léniniste.
Dès le 24 octobre, des cargos soviétiques renoncent à poursuivre leur route vers l'île. Le 26 octobre, Khrouchtchev propose des négociations mais Kennedy ne veut rien d'officiel qui rappellerait les tristement célèbres accords de Munich (1938).
Le lendemain, un avion-espion U2 est abattu au-dessus de Cuba et son pilote tué. Kennedy prévient les Soviétiques que la prochaine agression de ce type serait suivie d'un bombardement des sites de missiles. Finalement, du bout des lèvres, il accepte le principe des négociations et prend par écrit l'engagement de ne jamais tenter d'envahir Cuba. Le 28 octobre, Khrouchtchev, l'honneur sauf, s'incline et accepte de démonter les sites de missiles.
Vers la détente
Pour le monde entier, il devient clair qu'aucun des deux Super-Grands n'est prêt à prendre le risque d'un conflit nucléaire. C'est une première faille dans la guerre froide et l'amorce timide de la détente.
Une ligne téléphonique directe, le «téléphone rouge», est installée entre la Maison Blanche et le Kremlin pour prévenir de nouvelles crises. Quelques mois plus tard, dans la discrétion, les Américains démantèlent leurs bases de fusées Jupiter installées en Turquie, à la frontière avec l'Union soviétique.
Affaibli par son échec, Khrouchtchev est chassé du pouvoir le 14 octobre 1964. Un an plus tôt, Kennedy a été assassiné à Dallas (sans que cela ait eu quelque chose à voir avec la crise des fusées). -
André Larané.
Une semaine d'Histoire du 17 Octobre 2011 au 23 Octobre 2011 avec Herodote.net
Le 22 octobre 1962, dans un discours mémorable prononcé d'une voix grave, le président américain John Fitzgerald Kennedy lance un ultimatum à peine voilé aux Soviétiques et à leur chef, Nikita Khrouchtchev, secrétaire général du Parti et président du Conseil des ministres.
Il conclut son discours sur une note très grave : «Le prix de la liberté est élevé. Mais l'Amérique l'a toujours payé». Le monde tremble dans la crainte d'une guerre nucléaire entre les deux superpuissances.
Coup de bluff
Une semaine plus tôt, des photos aériennes prises par un avion-espion U2 ont révélé au président américain que les Soviétiques étaient en train d'installer des bases de lancement de fusées à tête nucléaire sur l'île de Cuba, à 200 kilomètres de la Floride et à portée immédiate des métropoles américaines.
Kennedy s'entretient le 19 octobre dans le salon ovale de la Maison Blanche de ce casus belli avec le général en chef de l'aviation (US Air Force) Curtis Le May. Ce dernier est partisan d'employer la manière forte.
Le président préfère le bluff et, dans son discours du 22 octobre, annonce une «quarantaine» autour de Cuba pour empêcher les navires communistes de livrer le matériel destiné aux bases de missiles. Avec ce blocus (un acte de guerre qui ne dit pas son nom), on frôle à tout moment l'incident qui pourrait dégénérer en troisième guerre mondiale.
Renversement des alliances
La crise des fusées est l'aboutissement d'un spectaculaire revirement des relations entre Washington et La Havane.
Le 1er janvier 1959, à Cuba, un jeune guerillero, Fidel Castro, a mis fin à l'interminable dictature de Fulgencio Batista avec le soutien discret des États-Unis. Sous l'impulsion d'Ernesto «Che» Guevara, fervent marxiste originaire d'Argentine, Fidel Castro élimine ses opposants et nationalise à tour de bras l'économie, y compris les investissements américains sur l'île. Cela lui vaut de se fâcher avec Washington.
La CIA organise un débarquement d'opposants dans la Baie des Cochons le 16 avril 1961. C'est un fiasco. Isolé et sans ressources, Fidel Castro n'a plus d'autre issue que de se jeter dans les bras de l'URSS qui offre de lui acheter rubis sur l'ongle tout le sucre produit sur l'île. Il ne peut refuser à son nouvel allié l'installation de fusées sur son sol en réplique au déploiement de fusées américaines en Turquie et en Italie.
Après la crise des fusées, Fidel Castro basculera irréversiblement dans le camp soviétique et se déclarera marxiste-léniniste.
Dès le 24 octobre, des cargos soviétiques renoncent à poursuivre leur route vers l'île. Le 26 octobre, Khrouchtchev propose des négociations mais Kennedy ne veut rien d'officiel qui rappellerait les tristement célèbres accords de Munich (1938).
Le lendemain, un avion-espion U2 est abattu au-dessus de Cuba et son pilote tué. Kennedy prévient les Soviétiques que la prochaine agression de ce type serait suivie d'un bombardement des sites de missiles. Finalement, du bout des lèvres, il accepte le principe des négociations et prend par écrit l'engagement de ne jamais tenter d'envahir Cuba. Le 28 octobre, Khrouchtchev, l'honneur sauf, s'incline et accepte de démonter les sites de missiles.
Vers la détente
Pour le monde entier, il devient clair qu'aucun des deux Super-Grands n'est prêt à prendre le risque d'un conflit nucléaire. C'est une première faille dans la guerre froide et l'amorce timide de la détente.
Une ligne téléphonique directe, le «téléphone rouge», est installée entre la Maison Blanche et le Kremlin pour prévenir de nouvelles crises. Quelques mois plus tard, dans la discrétion, les Américains démantèlent leurs bases de fusées Jupiter installées en Turquie, à la frontière avec l'Union soviétique.
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