6 novembre 1956 : L'expédition de Suez tourne au fiasco.
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6 novembre 1956 : L'expédition de Suez tourne au fiasco.
6 novembre 1956 : L'expédition de Suez tourne au fiasco.
Le 6 novembre 1956, à minuit, prend fin l'expédition de Suez. Les parachutistes français et britanniques doivent cesser le feu quelques heures à peine après avoir sauté sur le canal et défait les troupes égyptiennes.
Imposé par les Soviétiques et les Américains, ce cessez-le-feu sonne pour la France et la Grande-Bretagne la fin de l'ère coloniale et la fin de leur influence au Moyen-Orient. Il annonce aussi l'émergence du tiers monde et des pays arabes ainsi que l'intervention des États-Unis dans la politique moyen-orientale. Un demi-siècle après, celle-ci est plus que jamais d'actualité.
André Larané.
Maladresses américaines
Gamal Abd el-Nasser (38 ans), arrivé à la tête de l'Égypte quatre ans plus tôt, rêve de moderniser son pays. Il veut commencer par construire un barrage à Assouan, en amont du Nil, pour régulariser le débit du fleuve, doubler ou tripler les surfaces irriguées du pays et fournir de l'énergie hydroélectrique.
La société allemande Hochtief a établi le devis de ce projet pharaonique dont on parle depuis déjà deux siècles : 1,2 milliard de dollars. Le «raïs» égyptien (chef) demande aux Américains de l'aider à le financer.
Washington, qui tient à conserver de bonnes relations avec l'Égypte, signe un accord de principe en février 1956.
Mais voilà que Nasser, qui affiche un anticommunisme farouche et se veut neutre dans la guerre froide qui oppose l'URSS aux États-Unis, formule quelques critiques contre les alliances tissées par les Américains au Moyen-Orient (le pacte de Bagdad). Qui plus est, dans son souci de préparer une revanche contre Israël, il reçoit des armes du bloc soviétique, notamment de Tchécoslovaquie.
Il n'en faut pas plus pour inquiéter le Sénat américain et, le 19 juillet 1956, le secrétaire d'État John Foster Dulles retire l'offre de prêt américain à l'Égypte et invite la Banque mondiale à en faire autant ! Le 22 juillet, les Soviétiques eux-mêmes précisent qu'ils ne veulent pas financer le barrage.
C'est une humiliation amère pour les Égyptiens et leur jeune président de la République. De dépit (peut-être sur une suggestion des Américains eux-mêmes !), Nasser décide de se procurer l'argent en nationalisant le canal de Suez. Il prévoit d'indemniser les actionnaires de la Compagnie, essentiellement français et Britanniques.
Il annonce sa décision à la radio... en l'accompagnant d'un mémorable éclat de rire.
Venant peu après la nationalisation des pétroles iraniens par le Premier ministre Mossadegh, la nationalisation du canal de Suez soulève l'enthousiasme des foules arabes, y compris en Algérie, alors sous occupation française.
Maladresses européennes
Pris de court, les Français et les Britanniques, qui perçoivent les droits de péage sur le canal, protestent mais hésitent sur la conduite à tenir.
Là-dessus se greffent des facteurs extérieurs : le socialiste Guy Mollet, chef du gouvernement français, reçoit le 4 août un télégramme de Robert Lacoste, un militant qu'il a nommé quelques mois plus tôt ministre résident en Algérie. Lacoste lui demande de punir Nasser, coupable d'héberger au Caire les chefs de la rébellion algérienne et dont la radio La voix des Arabes diffuse des messages séditieux.
Guy Mollet se rallie à l'idée d'une guerre préventive contre l'avis de Pierre Mendès France et du président de la République René Coty. Il est soutenu par le ministre de la Défense Maurice Bourgès-Maunoury mais aussi le ministre de la Justice, un certain François Mitterrand, qui plaide pour la «défense de la civilisation» contre un émule de Hitler !
De son côté, le jeune État d'Israël, fidèle allié de la France, manifeste le souhait d'une guerre préventive contre l'Égypte, soupçonnée de vouloir laver l'affront subi par les Arabes en 1948.
Une conférence internationale s'ouvre à Londres le 16 août en vue de trouver un compromis. Les Américains suggèrent un contrôle international du canal mais Nasser le refuse.
Préparatifs de guerre
Pendant ce temps, dans la discrétion, les militaires français et britanniques acheminent des troupes vers Chypre en toute hâte. A Paris, le président du Conseil Guy Mollet obtient un large accord du Parlement à une intervention militaire. À Londres, le Premier ministre conservateur Anthony Eden a plus de difficulté à rallier sa majorité à la perspective d'une guerre.
Nasser, qui a vent de la menace, réunit le 23 septembre à Ryad, en Arabie séoudite, une conférence arabe en vue de nouer des alliances. Il réussit à constituer une alliance sous commandement égyptien avec la Syrie et la Jordanie.
Les Israéliens ne restent pas inactifs et intensifient leurs achats d'armes. Ils reçoivent en urgence 24 chasseurs Mystère IV commandés trois ans plus tôt en France. Ils reçoivent également des chars français AMX.
Le 16 octobre, Anthony Eden et Guy Mollet se rencontrent à Paris. Ils se mettent d'accord sur le principe d'une intervention militaire mais les Britanniques, craignant de se fâcher avec les Arabes, ne veulent pas se compromettre publiquement dans une action commune avec Israël...
Manigances anglo-franco-israéliennes
Qu'à cela ne tienne. Le 22 octobre, le Premier ministre israélien David Ben Gourion (70 ans) se rend discrètement en France avec son chef d'état-major Moshe Dayan et Shimon Pérés. La délégation rencontre à Sèvres, près de Paris, Guy Mollet ainsi qu'un représentant britannique.
Il est convenu deux jours plus tard que les Israéliens, décidés à «rompre l'encerclement», attaqueront les Égyptiens et qu'ensuite, Français et Britanniques adresseront un ultimatum aux adversaires et occuperont la zone du canal sous prétexte de les séparer !
Le 29 octobre, les troupes du général Moshe Dayan se lancent dans le Sinaï. Elles mettent en déroute l'armée égyptienne. Elles sont appuyées en secret par quelques avions de l'armée française préalablement débarrassés des insignes tricolores !
Comme prévu, le 30 octobre, Londres et Paris envoient un ultimatum conjoint au Caire et à Tel Aviv, enjoignant aux combattants de cesser le feu et de se retirer à 10 miles du canal. A défaut d'une réponse dans les douze heures, les forces franco-britanniques interviendront d'autorité.
Israël s'incline mais l'Égypte, comme on peut s'y attendre, rejette l'ultimatum.
Le lendemain 31 octobre, Français et Anglais détruisent au sol les avions égyptiens. Et, les 5 et 6 novembre, les parachutistes sautent sur Port-Saïd, à l'endroit où le canal débouche sur la mer Méditerranée. Personne ne se soucie d'une résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies adoptée trois jours plus tôt, le 1er novembre...
Pendant que l'attention du monde se porte sur le canal de Suez, les chars soviétiques entrent à Budapest et répriment le soulèvement des Hongrois contre leur régime communiste.
Menaces soviétiques
À peine les paras français et britanniques touchent-ils terre dans la zone du canal que le maréchal Nicolas Boulganine, chef de l'État soviétique, menace d'intervenir avec des fusées intercontinentales à tête nucléaire si l'attaque n'est pas stoppée !
Les États-Unis, hostiles à Israël, sont également très remontés contre l'État hébreu, la France et plus encore la Grande-Bretagne, leur traditionnelle alliée, qui a agi sans les avertir. Le président Dwight Eisenhower (qui vient d'être réélu le 6 novembre avec un pourcentage record de 57% des électeurs) joint sa voix aux Soviétiques pour exiger un cessez-le-feu.
À la Chambre des Communes, à Londres, la majorité conservatrice se fissure. Le Premier ministre, malade et découragé, jette l'éponge. Il annonce sa décision à Guy Mollet et celui-ci ne peut rien faire d'autre que l'imiter.
L'intervention franco-britannique aura duré en tout et pour tout 40 heures et se sera soldée par quelques centaines de morts dont douze Français et dix-neuf Britanniques.
Anglais, Français et Israéliens retirent leurs troupes le 22 décembre. Une force internationale est installée sur la ligne d'armistice.
Le triomphe personnel de Nasser
L'expédition ratée de Suez a des conséquences très graves pour Londres et Paris, outre qu'elle amène la démission du gouvernement d'Anthony Eden et affaiblit celui de Guy Mollet.
Les deux puissances européennes essuient une grave perte de prestige, en particulier face aux pays émergents du tiers monde. Il apparaît évident que la «diplomatie de la canonnière» telle qu'elle était pratiquée à l'époque coloniale, ne paie plus. L'heure de la décolonisation approche en Algérie et en Afrique noire.
L'URSS et surtout les États-Unis prennent la place des Européens au Moyen-Orient et leur rivalité va rythmer la diplomatie mondiale pendant près de quatre décennies.
Pour Nasser, la défaite militaire prend l'allure d'un triomphe diplomatique.
Son prestige ne va dès lors cesser de croître tant dans son peuple que parmi les déshérités du tiers monde, malgré (ou à cause) de ses échecs : faillite de l'union politique avec la Syrie, construction aventureuse du barrage d'Assouan, deuxième défaite face à Israël dans la guerre des Six jours...
Il gouvernera le pays jusqu'à sa mort, le 28 septembre 1970, à 52 ans.
Une semaine d'Histoire du 31 Octobre 2011 au 6 Novembre 2011 avec Herodote.net
Le 6 novembre 1956, à minuit, prend fin l'expédition de Suez. Les parachutistes français et britanniques doivent cesser le feu quelques heures à peine après avoir sauté sur le canal et défait les troupes égyptiennes.
Imposé par les Soviétiques et les Américains, ce cessez-le-feu sonne pour la France et la Grande-Bretagne la fin de l'ère coloniale et la fin de leur influence au Moyen-Orient. Il annonce aussi l'émergence du tiers monde et des pays arabes ainsi que l'intervention des États-Unis dans la politique moyen-orientale. Un demi-siècle après, celle-ci est plus que jamais d'actualité.
André Larané.
Maladresses américaines
Gamal Abd el-Nasser (38 ans), arrivé à la tête de l'Égypte quatre ans plus tôt, rêve de moderniser son pays. Il veut commencer par construire un barrage à Assouan, en amont du Nil, pour régulariser le débit du fleuve, doubler ou tripler les surfaces irriguées du pays et fournir de l'énergie hydroélectrique.
La société allemande Hochtief a établi le devis de ce projet pharaonique dont on parle depuis déjà deux siècles : 1,2 milliard de dollars. Le «raïs» égyptien (chef) demande aux Américains de l'aider à le financer.
Washington, qui tient à conserver de bonnes relations avec l'Égypte, signe un accord de principe en février 1956.
Mais voilà que Nasser, qui affiche un anticommunisme farouche et se veut neutre dans la guerre froide qui oppose l'URSS aux États-Unis, formule quelques critiques contre les alliances tissées par les Américains au Moyen-Orient (le pacte de Bagdad). Qui plus est, dans son souci de préparer une revanche contre Israël, il reçoit des armes du bloc soviétique, notamment de Tchécoslovaquie.
Il n'en faut pas plus pour inquiéter le Sénat américain et, le 19 juillet 1956, le secrétaire d'État John Foster Dulles retire l'offre de prêt américain à l'Égypte et invite la Banque mondiale à en faire autant ! Le 22 juillet, les Soviétiques eux-mêmes précisent qu'ils ne veulent pas financer le barrage.
C'est une humiliation amère pour les Égyptiens et leur jeune président de la République. De dépit (peut-être sur une suggestion des Américains eux-mêmes !), Nasser décide de se procurer l'argent en nationalisant le canal de Suez. Il prévoit d'indemniser les actionnaires de la Compagnie, essentiellement français et Britanniques.
Il annonce sa décision à la radio... en l'accompagnant d'un mémorable éclat de rire.
Venant peu après la nationalisation des pétroles iraniens par le Premier ministre Mossadegh, la nationalisation du canal de Suez soulève l'enthousiasme des foules arabes, y compris en Algérie, alors sous occupation française.
Maladresses européennes
Pris de court, les Français et les Britanniques, qui perçoivent les droits de péage sur le canal, protestent mais hésitent sur la conduite à tenir.
Là-dessus se greffent des facteurs extérieurs : le socialiste Guy Mollet, chef du gouvernement français, reçoit le 4 août un télégramme de Robert Lacoste, un militant qu'il a nommé quelques mois plus tôt ministre résident en Algérie. Lacoste lui demande de punir Nasser, coupable d'héberger au Caire les chefs de la rébellion algérienne et dont la radio La voix des Arabes diffuse des messages séditieux.
Guy Mollet se rallie à l'idée d'une guerre préventive contre l'avis de Pierre Mendès France et du président de la République René Coty. Il est soutenu par le ministre de la Défense Maurice Bourgès-Maunoury mais aussi le ministre de la Justice, un certain François Mitterrand, qui plaide pour la «défense de la civilisation» contre un émule de Hitler !
De son côté, le jeune État d'Israël, fidèle allié de la France, manifeste le souhait d'une guerre préventive contre l'Égypte, soupçonnée de vouloir laver l'affront subi par les Arabes en 1948.
Une conférence internationale s'ouvre à Londres le 16 août en vue de trouver un compromis. Les Américains suggèrent un contrôle international du canal mais Nasser le refuse.
Préparatifs de guerre
Pendant ce temps, dans la discrétion, les militaires français et britanniques acheminent des troupes vers Chypre en toute hâte. A Paris, le président du Conseil Guy Mollet obtient un large accord du Parlement à une intervention militaire. À Londres, le Premier ministre conservateur Anthony Eden a plus de difficulté à rallier sa majorité à la perspective d'une guerre.
Nasser, qui a vent de la menace, réunit le 23 septembre à Ryad, en Arabie séoudite, une conférence arabe en vue de nouer des alliances. Il réussit à constituer une alliance sous commandement égyptien avec la Syrie et la Jordanie.
Les Israéliens ne restent pas inactifs et intensifient leurs achats d'armes. Ils reçoivent en urgence 24 chasseurs Mystère IV commandés trois ans plus tôt en France. Ils reçoivent également des chars français AMX.
Le 16 octobre, Anthony Eden et Guy Mollet se rencontrent à Paris. Ils se mettent d'accord sur le principe d'une intervention militaire mais les Britanniques, craignant de se fâcher avec les Arabes, ne veulent pas se compromettre publiquement dans une action commune avec Israël...
Manigances anglo-franco-israéliennes
Qu'à cela ne tienne. Le 22 octobre, le Premier ministre israélien David Ben Gourion (70 ans) se rend discrètement en France avec son chef d'état-major Moshe Dayan et Shimon Pérés. La délégation rencontre à Sèvres, près de Paris, Guy Mollet ainsi qu'un représentant britannique.
Il est convenu deux jours plus tard que les Israéliens, décidés à «rompre l'encerclement», attaqueront les Égyptiens et qu'ensuite, Français et Britanniques adresseront un ultimatum aux adversaires et occuperont la zone du canal sous prétexte de les séparer !
Le 29 octobre, les troupes du général Moshe Dayan se lancent dans le Sinaï. Elles mettent en déroute l'armée égyptienne. Elles sont appuyées en secret par quelques avions de l'armée française préalablement débarrassés des insignes tricolores !
Comme prévu, le 30 octobre, Londres et Paris envoient un ultimatum conjoint au Caire et à Tel Aviv, enjoignant aux combattants de cesser le feu et de se retirer à 10 miles du canal. A défaut d'une réponse dans les douze heures, les forces franco-britanniques interviendront d'autorité.
Israël s'incline mais l'Égypte, comme on peut s'y attendre, rejette l'ultimatum.
Le lendemain 31 octobre, Français et Anglais détruisent au sol les avions égyptiens. Et, les 5 et 6 novembre, les parachutistes sautent sur Port-Saïd, à l'endroit où le canal débouche sur la mer Méditerranée. Personne ne se soucie d'une résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies adoptée trois jours plus tôt, le 1er novembre...
Pendant que l'attention du monde se porte sur le canal de Suez, les chars soviétiques entrent à Budapest et répriment le soulèvement des Hongrois contre leur régime communiste.
Menaces soviétiques
À peine les paras français et britanniques touchent-ils terre dans la zone du canal que le maréchal Nicolas Boulganine, chef de l'État soviétique, menace d'intervenir avec des fusées intercontinentales à tête nucléaire si l'attaque n'est pas stoppée !
Les États-Unis, hostiles à Israël, sont également très remontés contre l'État hébreu, la France et plus encore la Grande-Bretagne, leur traditionnelle alliée, qui a agi sans les avertir. Le président Dwight Eisenhower (qui vient d'être réélu le 6 novembre avec un pourcentage record de 57% des électeurs) joint sa voix aux Soviétiques pour exiger un cessez-le-feu.
À la Chambre des Communes, à Londres, la majorité conservatrice se fissure. Le Premier ministre, malade et découragé, jette l'éponge. Il annonce sa décision à Guy Mollet et celui-ci ne peut rien faire d'autre que l'imiter.
L'intervention franco-britannique aura duré en tout et pour tout 40 heures et se sera soldée par quelques centaines de morts dont douze Français et dix-neuf Britanniques.
Anglais, Français et Israéliens retirent leurs troupes le 22 décembre. Une force internationale est installée sur la ligne d'armistice.
Le triomphe personnel de Nasser
L'expédition ratée de Suez a des conséquences très graves pour Londres et Paris, outre qu'elle amène la démission du gouvernement d'Anthony Eden et affaiblit celui de Guy Mollet.
Les deux puissances européennes essuient une grave perte de prestige, en particulier face aux pays émergents du tiers monde. Il apparaît évident que la «diplomatie de la canonnière» telle qu'elle était pratiquée à l'époque coloniale, ne paie plus. L'heure de la décolonisation approche en Algérie et en Afrique noire.
L'URSS et surtout les États-Unis prennent la place des Européens au Moyen-Orient et leur rivalité va rythmer la diplomatie mondiale pendant près de quatre décennies.
Pour Nasser, la défaite militaire prend l'allure d'un triomphe diplomatique.
Son prestige ne va dès lors cesser de croître tant dans son peuple que parmi les déshérités du tiers monde, malgré (ou à cause) de ses échecs : faillite de l'union politique avec la Syrie, construction aventureuse du barrage d'Assouan, deuxième défaite face à Israël dans la guerre des Six jours...
Il gouvernera le pays jusqu'à sa mort, le 28 septembre 1970, à 52 ans.
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À mon très grand ami Patrice († 58).
À ma petite belle-fille Gaëlle († 31).
Décor "simpliste" sur lequel nous avions rejoué, à 9 joueurs, la Bataille d'Eylau en 1807.
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