24 novembre 1832 : La Caroline du Sud ne se soumet pas.
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24 novembre 1832 : La Caroline du Sud ne se soumet pas.
24 novembre 1832 : La Caroline du Sud ne se soumet pas.
Le 24 novembre 1832, la Caroline du Sud rejette le tarif douanier défini par le gouvernement fédéral des États-Unis. Pour la première fois, un État américain met en pratique le droit de «nullifier» une loi fédérale qu'il juge contraire à ses intérêts, au risque de désintégrer l'Union.
Origines de la rivalité entre Nord et Sud
Ce premier conflit entre le Nord et le Sud des États-Unis puise ses origines dans... les guerres napoléoniennes. Celles-ci, du fait du blocus anglais, empêchent les importations de biens manufacturés en provenance d'Europe. De hardis entrepreneurs en profitent, au nord de la fédération, pour créer des manufactures. Les États du sud restent quant à eux fidèles à l'économie de plantation qui leur assure une incomparable prospérité.
La paix revenue, le gouvernement fédéral établit des droits douaniers sévères pour protéger ses jeunes manufactures contre la concurrence du Vieux Continent. Cela ne fait pas l'affaire des planteurs du Sud, obligés de payer plus cher leurs biens de consommation. Dès 1820, la Caroline du Sud adresse une réclamation au Congrès fédéral, déclarant la loi du tarif douanier inconstitutionnelle, opressive et injuste! Elle est suivie par les autres États du Sud: la Géorgie, la Virginie, la Caroline du Nord, l'Alabama et le Mississipi.
Ignorant ces réclamations, le Congrès alourdit les droits de douane sur les importations de produits industriels et de biens de consommation en 1824 et 1828. C'est alors que des juristes sudistes sortent de l'oubli un principe confédéral encore jamais utilisé, le droit de «nullification».
Ceux-là considèrent que chaque état de l'Union conserve le droit d'interpréter les lois votées par le Congrès fédéral, voire de les suspendre si elles lui paraissent contraires à la Constitution ou à la justice. Alexis de Tocqueville cite l'un d'eux, le démocrate John C. Calhoun: «La Constitution, dit-il, est un contrat dans lequel les États ont paru comme souverains. Or, toutes les fois qu'il intervient un contrat entre des parties qui ne connaissent point de commun arbitre, chacune d'elles retient le droit de juger par elle-même l'étendue de son obligation» ( *). Pour les Américains du Sud comme du Nord, il ne fait pas de doute que la mise en application de ce principe signifie à terme la dissolution du lien fédéral.
L'orage éclate
Le Congrès ne revenant pas sur les droits de douane, l'orage éclate en 1832 avec la convocation d'une convention par la Caroline du Sud. Le 24 novembre, l'assemblée publie sous le nom d'ordonnance une loi qui frappe de nullité la loi fédérale du tarif et défend de prélever les droits qui y figurent. Elle ne prévoit sa mise en application qu'en février de l'année suivante, ce qui laisse un répit au Congrès fédéral pour se raviser... En attendant, la Caroline du Sud se prépare au pire et arme ses milices.
Le Congrès, qui s'était jusque-là montré inflexible, s'incline ! Il vote une nouvelle loi qui prévoit de réduire progressivement jusqu'au strict nécessaire les droits de douane. Et pour cacher sa reculade, il vote dans le même temps une loi qui investit le président des États-Unis de pouvoirs extraordinaires pour surmonter par la force des menaces intérieures.
L'unité de la jeune fédération étant menacée, le président Andrew Jackson, à peine réélu, met l'armée en état d'alerte. Bien que favorable à l'autonomie des États, il ne craint pas d'envisager une guerre et envoie deux navires de guerre vers Charleston, la capitale de l'état séditieux.
De son côté, la convention de Caroline du Sud, au lieu de se satisfaire de la baisse des droits de douane, s'offre le luxe de«nullifier» aussi la nouvelle loi sur les pouvoirs du président.
Finalement, les deux parties arrivent à un compromis proposé par Henry Clay (55 ans), rival malheureux d'Andrew Jackson à la présidence. Ce sénateur du Kentucky surnommé le «Grand pacificateur» («the Great compromiser») a déjà conclu douze ans plus tôt le compromis du Missouri entre États esclavagistes et États abolitionnistes. Par son entremise, la Caroline du Sud renonce à faire usage du droit de nullification et le Congrès s'en tient à l'abaissement des droits de douane jusqu'à un taux moyen de 20% du prix d'entrée des marchandises.
L'épreuve consolide le pouvoir central des États-Unis au détriment des États. Mais elle suscite aussi chez certains Sudistes l'idée d'une sécession. Celle-ci sera initiée 28 ans plus tard par... la Caroline du Sud. -
Joseph Savès
Une semaine d'Histoire du 21 Novembre 2011 au 27 Novembre 2011 avec Herodote.net
Le 24 novembre 1832, la Caroline du Sud rejette le tarif douanier défini par le gouvernement fédéral des États-Unis. Pour la première fois, un État américain met en pratique le droit de «nullifier» une loi fédérale qu'il juge contraire à ses intérêts, au risque de désintégrer l'Union.
Origines de la rivalité entre Nord et Sud
Ce premier conflit entre le Nord et le Sud des États-Unis puise ses origines dans... les guerres napoléoniennes. Celles-ci, du fait du blocus anglais, empêchent les importations de biens manufacturés en provenance d'Europe. De hardis entrepreneurs en profitent, au nord de la fédération, pour créer des manufactures. Les États du sud restent quant à eux fidèles à l'économie de plantation qui leur assure une incomparable prospérité.
La paix revenue, le gouvernement fédéral établit des droits douaniers sévères pour protéger ses jeunes manufactures contre la concurrence du Vieux Continent. Cela ne fait pas l'affaire des planteurs du Sud, obligés de payer plus cher leurs biens de consommation. Dès 1820, la Caroline du Sud adresse une réclamation au Congrès fédéral, déclarant la loi du tarif douanier inconstitutionnelle, opressive et injuste! Elle est suivie par les autres États du Sud: la Géorgie, la Virginie, la Caroline du Nord, l'Alabama et le Mississipi.
Ignorant ces réclamations, le Congrès alourdit les droits de douane sur les importations de produits industriels et de biens de consommation en 1824 et 1828. C'est alors que des juristes sudistes sortent de l'oubli un principe confédéral encore jamais utilisé, le droit de «nullification».
Ceux-là considèrent que chaque état de l'Union conserve le droit d'interpréter les lois votées par le Congrès fédéral, voire de les suspendre si elles lui paraissent contraires à la Constitution ou à la justice. Alexis de Tocqueville cite l'un d'eux, le démocrate John C. Calhoun: «La Constitution, dit-il, est un contrat dans lequel les États ont paru comme souverains. Or, toutes les fois qu'il intervient un contrat entre des parties qui ne connaissent point de commun arbitre, chacune d'elles retient le droit de juger par elle-même l'étendue de son obligation» ( *). Pour les Américains du Sud comme du Nord, il ne fait pas de doute que la mise en application de ce principe signifie à terme la dissolution du lien fédéral.
L'orage éclate
Le Congrès ne revenant pas sur les droits de douane, l'orage éclate en 1832 avec la convocation d'une convention par la Caroline du Sud. Le 24 novembre, l'assemblée publie sous le nom d'ordonnance une loi qui frappe de nullité la loi fédérale du tarif et défend de prélever les droits qui y figurent. Elle ne prévoit sa mise en application qu'en février de l'année suivante, ce qui laisse un répit au Congrès fédéral pour se raviser... En attendant, la Caroline du Sud se prépare au pire et arme ses milices.
Le Congrès, qui s'était jusque-là montré inflexible, s'incline ! Il vote une nouvelle loi qui prévoit de réduire progressivement jusqu'au strict nécessaire les droits de douane. Et pour cacher sa reculade, il vote dans le même temps une loi qui investit le président des États-Unis de pouvoirs extraordinaires pour surmonter par la force des menaces intérieures.
L'unité de la jeune fédération étant menacée, le président Andrew Jackson, à peine réélu, met l'armée en état d'alerte. Bien que favorable à l'autonomie des États, il ne craint pas d'envisager une guerre et envoie deux navires de guerre vers Charleston, la capitale de l'état séditieux.
De son côté, la convention de Caroline du Sud, au lieu de se satisfaire de la baisse des droits de douane, s'offre le luxe de«nullifier» aussi la nouvelle loi sur les pouvoirs du président.
Finalement, les deux parties arrivent à un compromis proposé par Henry Clay (55 ans), rival malheureux d'Andrew Jackson à la présidence. Ce sénateur du Kentucky surnommé le «Grand pacificateur» («the Great compromiser») a déjà conclu douze ans plus tôt le compromis du Missouri entre États esclavagistes et États abolitionnistes. Par son entremise, la Caroline du Sud renonce à faire usage du droit de nullification et le Congrès s'en tient à l'abaissement des droits de douane jusqu'à un taux moyen de 20% du prix d'entrée des marchandises.
L'épreuve consolide le pouvoir central des États-Unis au détriment des États. Mais elle suscite aussi chez certains Sudistes l'idée d'une sécession. Celle-ci sera initiée 28 ans plus tard par... la Caroline du Sud. -
Joseph Savès
Une semaine d'Histoire du 21 Novembre 2011 au 27 Novembre 2011 avec Herodote.net
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À mon très grand ami Patrice († 58).
À ma petite belle-fille Gaëlle († 31).
Décor "simpliste" sur lequel nous avions rejoué, à 9 joueurs, la Bataille d'Eylau en 1807.
Jacknap1948- Administrateur
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Date d'inscription : 28/03/2011
Age : 76
Localisation : 93 + 83 + 22
Humeur : Généralement bonne.
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