2 mars 1941 : Le «serment de Koufra».
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2 mars 1941 : Le «serment de Koufra».
2 mars 1941 : Le «serment de Koufra».
Le 2 mars 1941, le colonel Leclerc (38 ans) enlève aux Italiens l'oasis de Koufra, au sud de la Libye. Avec ses hommes, qui ont rejoint comme lui le général de Gaulle après l'invasion de la France par la Wehrmacht, il fait le serment de ne plus déposer les armes avant que le drapeau français ne flotte sur Strasbourg.
Ce «serment de Koufra» marque le début d'une longue marche glorieuse qui passera par la Libération de Paris.
Joseph Savès.
Éternel rebelle.
Tôt rallié au général de Gaulle et à la «France libre» (par opposition à la France officielle du maréchal Pétain, soumise à l'occupant allemand) Leclerc est arrivé le 2 décembre 1940 au Tchad comme commandant militaire. Cette colonie enclavée de l'Afrique équatoriale française a été la première à se rallier au Général par la grâce de son gouverneur, Félix Éboué, un Guyanais à peau noire.
Au fin fond de l'Afrique, à plusieurs milliers de kilomètres de la France occupée et de l'Allemagne ennemie, Leclerc, qui s'est autopromu colonel, bout d'impatience de partir au combat.
Dès le lendemain de son arrivée à Fort-Lamy (aujourd'hui N'Djaména), il décide de s'emparer de l'oasis de Koufra, à 1700 kilomètres plus au nord, en Lybie, dans le Fezzan.
Koufra, au milieu du désert, est un modeste fort tenu par une garnison italienne et protégé par une compagnie motorisée qui vadrouille en couverture dans la région , la Sahariana. C'est sans doute le poste le plus avancé, au sud, de l'alliance germano-italienne.
Leclerc se lance dans le désert avec une centaine d'Européens et 250 méharistes et tirailleurs «sénégalais», essentiellement des Tchadiens et des Camerounais. La petite troupe est équipée de bric et de broc avec quelques dizaines de vieux véhicules, cinq petits avions, des armes et des uniformes à l'avenant.
Les Français combinent leur action avec les Britanniques qui, du Caire, lancent une attaque sur Mourzouk, la capitale du Fezzan. Le major Clayton, qui commande la colonne britannique, se fait «prêter» par Leclerc deux officiers : le capitaine Massu, qui se rendra plus tard célèbre en Algérie, et le lieutenant-colonel Colonna d'Ornano, qui sera tué devant Mourzouk.
La colonne britannique est défaite par la Sahariana sans atteindre son objectif et les rescapés rejoignent la colonne de Leclerc. Celle-ci arrive le 7 février en vue de Koufra.
Jouant d'audace (comme à son habitude), Leclerc tient en respect les défenseurs du fort avec une partie de ses troupes. Lui-même et le reste de ses troupes éloignent la Sahariana du fort. Après un ultime combat, le 19 février, la compagnie motorisée décroche et se replie vers le nord-ouest. Les défenseurs de Koufra ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes. Ils surestiment le nombre et l'équipement de leurs assiégeants et Leclerc les entretient dans leur ignorance en faisant déplacer sans cesse ses armes automatiques.
Le 1er mars, enfin, des parlementaires sortent du fort et demandent aux Français leurs propositions pour une reddition dans l'honneur. Les palabres s'éternisent. À la fin, n'y tenant plus, Leclerc surgit parmi les négociateurs et ordonne aux Italiens de remonter dans leur véhicule. Lui-même s'asseoit à leurs côtés avec deux officiers et leur commande de regagner le fort. Les Italiens, estomaqués par cette entorse aux usages, s'exécutent.
Arrivé en présence du commandant du fort, Leclerc impose ses conditions. La capitulation est signée le jour même. La garnison défile à 14h devant Leclerc : 11 officiers et 18 soldats italiens, 273 Libyens. Les combats lui ont occasionné 3 tués et 4 blessés. Les pertes du côté français ont été de 4 tués (dont un Européen) et de 21 blessés.
De Koufra à Berchtesgaden.
Le lendemain, c'est au tour du détachement français de se rassembler dans la cour du fort. Après avoir fait hisser les couleurs, le colonel Leclerc prononce une allocution mémorable qui se termine par ces mots, quelque peu surréalistes en ce morceau de désert saharien : «Nous sommes en marche, nous ne nous arrêterons que lorsque le drapeau français flottera sur la cathédrale de Strasbourg» (*). Les soldats et officiers reprennent le serment à la suite de leur chef.
Aussi modeste soit-elle, la bataille de Koufra a un impact symbolique immense pour les Français en lutte contre l'occupant car c'est le premier succès militaire des Français Libres. Le général de Gaulle ne s'y trompe pas. Dès le 3 mars, il télégraphie à Leclerc un message de félicitations qui se termine par ces mots inhabituels chez lui : «Les glorieuses troupes du Tchad et leur chef sont sur la route de la victoire. Je vous embrasse».
De Gaulle voit juste. Leclerc, plus tard à la tête de la IIe Division Blindée, entrera le premier dans Paris puis dans Strasbourg. Il achèvera son épopée guerrière à Berchtesgaden, le nid d'aigle de Hitler.
Une semaine d'Histoire du 27 Février 2012 au 4 Mars 2012 avec Herodote.net
Le 2 mars 1941, le colonel Leclerc (38 ans) enlève aux Italiens l'oasis de Koufra, au sud de la Libye. Avec ses hommes, qui ont rejoint comme lui le général de Gaulle après l'invasion de la France par la Wehrmacht, il fait le serment de ne plus déposer les armes avant que le drapeau français ne flotte sur Strasbourg.
Ce «serment de Koufra» marque le début d'une longue marche glorieuse qui passera par la Libération de Paris.
Joseph Savès.
Éternel rebelle.
Tôt rallié au général de Gaulle et à la «France libre» (par opposition à la France officielle du maréchal Pétain, soumise à l'occupant allemand) Leclerc est arrivé le 2 décembre 1940 au Tchad comme commandant militaire. Cette colonie enclavée de l'Afrique équatoriale française a été la première à se rallier au Général par la grâce de son gouverneur, Félix Éboué, un Guyanais à peau noire.
Au fin fond de l'Afrique, à plusieurs milliers de kilomètres de la France occupée et de l'Allemagne ennemie, Leclerc, qui s'est autopromu colonel, bout d'impatience de partir au combat.
Dès le lendemain de son arrivée à Fort-Lamy (aujourd'hui N'Djaména), il décide de s'emparer de l'oasis de Koufra, à 1700 kilomètres plus au nord, en Lybie, dans le Fezzan.
Koufra, au milieu du désert, est un modeste fort tenu par une garnison italienne et protégé par une compagnie motorisée qui vadrouille en couverture dans la région , la Sahariana. C'est sans doute le poste le plus avancé, au sud, de l'alliance germano-italienne.
Leclerc se lance dans le désert avec une centaine d'Européens et 250 méharistes et tirailleurs «sénégalais», essentiellement des Tchadiens et des Camerounais. La petite troupe est équipée de bric et de broc avec quelques dizaines de vieux véhicules, cinq petits avions, des armes et des uniformes à l'avenant.
Les Français combinent leur action avec les Britanniques qui, du Caire, lancent une attaque sur Mourzouk, la capitale du Fezzan. Le major Clayton, qui commande la colonne britannique, se fait «prêter» par Leclerc deux officiers : le capitaine Massu, qui se rendra plus tard célèbre en Algérie, et le lieutenant-colonel Colonna d'Ornano, qui sera tué devant Mourzouk.
La colonne britannique est défaite par la Sahariana sans atteindre son objectif et les rescapés rejoignent la colonne de Leclerc. Celle-ci arrive le 7 février en vue de Koufra.
Jouant d'audace (comme à son habitude), Leclerc tient en respect les défenseurs du fort avec une partie de ses troupes. Lui-même et le reste de ses troupes éloignent la Sahariana du fort. Après un ultime combat, le 19 février, la compagnie motorisée décroche et se replie vers le nord-ouest. Les défenseurs de Koufra ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes. Ils surestiment le nombre et l'équipement de leurs assiégeants et Leclerc les entretient dans leur ignorance en faisant déplacer sans cesse ses armes automatiques.
Le 1er mars, enfin, des parlementaires sortent du fort et demandent aux Français leurs propositions pour une reddition dans l'honneur. Les palabres s'éternisent. À la fin, n'y tenant plus, Leclerc surgit parmi les négociateurs et ordonne aux Italiens de remonter dans leur véhicule. Lui-même s'asseoit à leurs côtés avec deux officiers et leur commande de regagner le fort. Les Italiens, estomaqués par cette entorse aux usages, s'exécutent.
Arrivé en présence du commandant du fort, Leclerc impose ses conditions. La capitulation est signée le jour même. La garnison défile à 14h devant Leclerc : 11 officiers et 18 soldats italiens, 273 Libyens. Les combats lui ont occasionné 3 tués et 4 blessés. Les pertes du côté français ont été de 4 tués (dont un Européen) et de 21 blessés.
De Koufra à Berchtesgaden.
Le lendemain, c'est au tour du détachement français de se rassembler dans la cour du fort. Après avoir fait hisser les couleurs, le colonel Leclerc prononce une allocution mémorable qui se termine par ces mots, quelque peu surréalistes en ce morceau de désert saharien : «Nous sommes en marche, nous ne nous arrêterons que lorsque le drapeau français flottera sur la cathédrale de Strasbourg» (*). Les soldats et officiers reprennent le serment à la suite de leur chef.
Aussi modeste soit-elle, la bataille de Koufra a un impact symbolique immense pour les Français en lutte contre l'occupant car c'est le premier succès militaire des Français Libres. Le général de Gaulle ne s'y trompe pas. Dès le 3 mars, il télégraphie à Leclerc un message de félicitations qui se termine par ces mots inhabituels chez lui : «Les glorieuses troupes du Tchad et leur chef sont sur la route de la victoire. Je vous embrasse».
De Gaulle voit juste. Leclerc, plus tard à la tête de la IIe Division Blindée, entrera le premier dans Paris puis dans Strasbourg. Il achèvera son épopée guerrière à Berchtesgaden, le nid d'aigle de Hitler.
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