17 juillet 1453 : La guerre de Cent Ans prend fin à Castillon.
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17 juillet 1453 : La guerre de Cent Ans prend fin à Castillon.
17 juillet 1453 : La guerre de Cent Ans prend fin à Castillon.
Le 17 juillet 1453, l'armée du roi de France se heurte à un corps expéditionnaire anglais sur les bords de la Dordogne, près du village de Castillon.
Cette bataille relativement mineure, l'une des rares qui se solde par une victoire des Français sur les Anglais, n'a pas le retentissement de Crécy, Poitiers ou Azincourt. Mais elle n'en marque pas moins la fin d'un long conflit qui restera connu dans l'Histoire sous le nom de guerre de Cent Ans.
André Larané, d'après les travaux du Groupe de recherches historiques et de sauvetages archéologiques du Castillonnais.
Foudroyante reconquête.
La phase finale de cette guerre intervient après le traité d'Arras entre le roi Charles VII et le duc de Bourgogne, et la mise sur pied d'une armée permanente, financée par un impôt tout aussi permanent.
Une armée anglaise, sous les ordres de Thomas Kyriel, vient en 1450 au secours des dernières places anglaises de Normandie. Malgré ses archers, elle est écrasée le 15 avril 1450, à Formigny, près de Bayeux, par l'armée française du comte de Clermont, qui bénéficie de l'arrivée impromptue du connétable de Richemont et de ses Bretons. Cette victoire permet au roi de France de reconquérir la basse vallée de la Seine.
Dans la foulée, l'ost royale, commandée par le comte de Penthièvre, descend la vallée de la Dordogne. Bergerac est conquise le 10 octobre 1450. Bordeaux se rend enfin aux Français par le traité du 12 juin 1451. Jean Bureau, conseiller du roi, est nommé «maire perpétuel» de Bordeaux. Les Anglais sont chassés de tout le continent à l'exception de Calais. La guerre de Cent Ans pourrait s'arrêter là.
Déception des Aquitains.
Mais à Bordeaux et dans l'Aquitaine, les sujets de Charles VII regrettent très vite les Anglais qui ménageaient leurs droits communaux et leur autonomie. Ils s'en plaignent au roi, à Bourges, mais celui-ci ne les écoute pas. Les Bordelais rappellent alors en catimini les Anglais.
Bien qu'empêtré dans la guerre dynastique des Deux Roses, le roi Henri VI de Lancastre expédie 3000 hommes en Aquitaine sous le commandement de John Talbot, comte de Shrewsbury, un vieux guerrier d'environ 70 ans qui s'est déjà illustré dans la guerre contre Jeanne d'Arc !
Le petit corps expéditionnaire débarque le 20 octobre 1452 près de Soulac, dans le Médoc, en un lieu encore appelé «l'Anse de l'Anglot». Il entre en triomphe à Bordeaux et reçoit le soutien des seigneurs gascons, en particulier de Jean de Grailly, vicomte de Castillon, l'un des hommes les plus influents d'Aquitaine. Un renfort bienvenu de 2000 hommes arrive également d'Angleterre, sous le commandement du propre fils de John Talbot, le seigneur de l'Isle.
Les Français et leurs alliés bretons, très offensifs, lancent une contre-attaque dès l'été suivant.
Leurs armées n'ont plus rien à voir avec les armées féodales des générations précédentes, qui furent battues à Azincourt, Poitiers, Crécy... Elles comptent des soldats professionnels, francs-archers à la solde du roi. Elles sont aussi commandées par des chefs au sang froid et dispose d'une artillerie opérationnelle : 300 bouches à feu ou «bombardes».
Un premier corps d'armée, sous le commandement de Jacques de Chabannes, Grand Maître de France, reprend Chalais, au nord de l'Aquitaine. Un autre corps d'armée descend la vallée de la Dordogne. Il est commandé par Jean de Blois, le comte Dunois et les frères Gaspard et Jean Bureau. Le premier est Trésorier de France et le second Grand Maître de l'Artillerie. Ils choisissent de ne pas marcher de suite sur Bordeaux et mettent le siège devant Castillon en Périgord, à une quinzaine de kilomètres en amont de Libourne.
Une petite cité paisible.
Le nom de «Castillon», mentionné dès 845, évoque une petite place fortifiée destinée à surveiller la Dordogne. C'est ainsi qu'autour d'un château fort s’est progressivement bâtie au Moyen-Âge une cité entourée de remparts. On y pénètre par trois portes, dont l’une, la «porte de fer», est encore visible au bord de la rivière. Créée très tôt par Charlemagne, la vicomté de Castillon dépend du duché d’Aquitaine.
La bataille qui va suivre n'a été racontée par aucun témoin direct, de sorte qu'une certaine incertitude continue de planer sur son déroulement.
Le choc.
L'armée royale, forte d'au moins 8.000 hommes, installe un camp retranché à proximité de la cité. Elle se retranche solidement entre la Dordogne et un petit affluent, la Lidoire, à l'aplomb d'un gué, le pas de Rauzan. Un détachement occupe le prieuré de Saint-Florent, au nord de Castillon.
John Talbot attend de pied ferme à Bordeaux l'arrivée des ennemis mais les Castillonnais le supplient de venir à leur secours et il finit par se laisser convaincre. C'est ainsi qu'avec ses Anglais et ses alliés gascons, au total 5.000 à 10.000 hommes, il remonte la Dordogne jusqu'à Libourne où il passe la nuit du 16 au 17 juillet. Le lendemain, sans attendre l'artillerie qui peine à avancer sur les chemins boueux, cavaliers et piétons se dirigent rapidement vers Castillon. Ils attaquent le prieuré. La petite garnison française se replie tant bien que mal vers le camp retranché, de l'autre côté de la Lidoire.
Là-dessus, les soldats anglais et gascons se désaltèrent avec quelques barriques de bon vin local, tandis que Talbot se dispose à entendre la messe. Mais les Castillonnais ne lui en laissent pas le temps. Sur la foi d'un mystérieux nuage de poussière, ils l'informent que les Français seraient en train de lever le camp !
Talbot décide de les attaquer sans attendre. Las ! L'information était fausse... Quand les Anglais et les Gascons arrivent devant le fossé qui entoure le camp retranché, il sont accueillis par un bombardement nourri de toutes les bouches à feu. Les Anglo-gascons s'entêtent. Les cavaliers mettent pied à terre et combattent au corps à corps, arrivant même à planter un étendard sur la palissade du camp. Mais là-dessus, les Bretons qui campaient de l'autre côté de la Lidoire déboulent et se jettent dans la mêlée aux côtés de leurs alliés français.
C'est la débandade. Des assaillants se noient dans la Dordogne en tentant de fuir. Le vieux Talbot est désarçonné et achevé d'un coup de hâche. Son fils, son porte-étendard et un grand nombre de seigneurs anglo-gascons succombent également. L'affrontement se solde par 9.000 morts, blessés et prisonniers en quelques heures.
Survenant quelques semaines après la chute de Constantinople aux mains des Turcs, la bataille de Castillon passe presque inaperçue des contemporains.
Triomphe capétien.
Après leur victoire, le 20 juillet, les Français entrent dans Castillon. Bordeaux se rend sans autre combat le 17 octobre 1453 et les Anglais rembarquent sans demander leur reste. Ils renoncent à jamais à l'Aquitaine et aux possessions continentales de la dynastie royale des Plantagenêt.
Le roi Charles VII de Valois, surnommé à juste titre le Bien-Servi ou le Victorieux, impose aux Aquitains une taxe à l'exportation et révoque la franchise sur les vins. Il meurt huit ans plus tard, le 22 juillet 1461, à 58 ans. Son fils et successeur, Louis XI, lève enfin la punition qui pèse sur les Aquitains en créant deux foires franches et réduisant les droits d'exportation. Les vignerons peuvent enfin reprendre leur fructueux commerce avec les Anglais.
Castillon-la-Bataille fait la fête.
Chaque été depuis 1976, les habitants de la petite ville de Castillon-la-Bataille célèbrent la bataille dans des spectacles nocturnes d'une très belle prestance, dans un décor naturel, avec cavalcades, reconstitutions en costumes, scénettes pittoresques,... Les festivités se prolongent en journée avec ripaille, musique et bonne humeur.
Une semaine d'Histoire du 11 Juillet 2011 au 17 Juillet 2011 avec Herodote.net
Le 17 juillet 1453, l'armée du roi de France se heurte à un corps expéditionnaire anglais sur les bords de la Dordogne, près du village de Castillon.
Cette bataille relativement mineure, l'une des rares qui se solde par une victoire des Français sur les Anglais, n'a pas le retentissement de Crécy, Poitiers ou Azincourt. Mais elle n'en marque pas moins la fin d'un long conflit qui restera connu dans l'Histoire sous le nom de guerre de Cent Ans.
André Larané, d'après les travaux du Groupe de recherches historiques et de sauvetages archéologiques du Castillonnais.
Foudroyante reconquête.
La phase finale de cette guerre intervient après le traité d'Arras entre le roi Charles VII et le duc de Bourgogne, et la mise sur pied d'une armée permanente, financée par un impôt tout aussi permanent.
Une armée anglaise, sous les ordres de Thomas Kyriel, vient en 1450 au secours des dernières places anglaises de Normandie. Malgré ses archers, elle est écrasée le 15 avril 1450, à Formigny, près de Bayeux, par l'armée française du comte de Clermont, qui bénéficie de l'arrivée impromptue du connétable de Richemont et de ses Bretons. Cette victoire permet au roi de France de reconquérir la basse vallée de la Seine.
Dans la foulée, l'ost royale, commandée par le comte de Penthièvre, descend la vallée de la Dordogne. Bergerac est conquise le 10 octobre 1450. Bordeaux se rend enfin aux Français par le traité du 12 juin 1451. Jean Bureau, conseiller du roi, est nommé «maire perpétuel» de Bordeaux. Les Anglais sont chassés de tout le continent à l'exception de Calais. La guerre de Cent Ans pourrait s'arrêter là.
Déception des Aquitains.
Mais à Bordeaux et dans l'Aquitaine, les sujets de Charles VII regrettent très vite les Anglais qui ménageaient leurs droits communaux et leur autonomie. Ils s'en plaignent au roi, à Bourges, mais celui-ci ne les écoute pas. Les Bordelais rappellent alors en catimini les Anglais.
Bien qu'empêtré dans la guerre dynastique des Deux Roses, le roi Henri VI de Lancastre expédie 3000 hommes en Aquitaine sous le commandement de John Talbot, comte de Shrewsbury, un vieux guerrier d'environ 70 ans qui s'est déjà illustré dans la guerre contre Jeanne d'Arc !
Le petit corps expéditionnaire débarque le 20 octobre 1452 près de Soulac, dans le Médoc, en un lieu encore appelé «l'Anse de l'Anglot». Il entre en triomphe à Bordeaux et reçoit le soutien des seigneurs gascons, en particulier de Jean de Grailly, vicomte de Castillon, l'un des hommes les plus influents d'Aquitaine. Un renfort bienvenu de 2000 hommes arrive également d'Angleterre, sous le commandement du propre fils de John Talbot, le seigneur de l'Isle.
Les Français et leurs alliés bretons, très offensifs, lancent une contre-attaque dès l'été suivant.
Leurs armées n'ont plus rien à voir avec les armées féodales des générations précédentes, qui furent battues à Azincourt, Poitiers, Crécy... Elles comptent des soldats professionnels, francs-archers à la solde du roi. Elles sont aussi commandées par des chefs au sang froid et dispose d'une artillerie opérationnelle : 300 bouches à feu ou «bombardes».
Un premier corps d'armée, sous le commandement de Jacques de Chabannes, Grand Maître de France, reprend Chalais, au nord de l'Aquitaine. Un autre corps d'armée descend la vallée de la Dordogne. Il est commandé par Jean de Blois, le comte Dunois et les frères Gaspard et Jean Bureau. Le premier est Trésorier de France et le second Grand Maître de l'Artillerie. Ils choisissent de ne pas marcher de suite sur Bordeaux et mettent le siège devant Castillon en Périgord, à une quinzaine de kilomètres en amont de Libourne.
Une petite cité paisible.
Le nom de «Castillon», mentionné dès 845, évoque une petite place fortifiée destinée à surveiller la Dordogne. C'est ainsi qu'autour d'un château fort s’est progressivement bâtie au Moyen-Âge une cité entourée de remparts. On y pénètre par trois portes, dont l’une, la «porte de fer», est encore visible au bord de la rivière. Créée très tôt par Charlemagne, la vicomté de Castillon dépend du duché d’Aquitaine.
La bataille qui va suivre n'a été racontée par aucun témoin direct, de sorte qu'une certaine incertitude continue de planer sur son déroulement.
Le choc.
L'armée royale, forte d'au moins 8.000 hommes, installe un camp retranché à proximité de la cité. Elle se retranche solidement entre la Dordogne et un petit affluent, la Lidoire, à l'aplomb d'un gué, le pas de Rauzan. Un détachement occupe le prieuré de Saint-Florent, au nord de Castillon.
John Talbot attend de pied ferme à Bordeaux l'arrivée des ennemis mais les Castillonnais le supplient de venir à leur secours et il finit par se laisser convaincre. C'est ainsi qu'avec ses Anglais et ses alliés gascons, au total 5.000 à 10.000 hommes, il remonte la Dordogne jusqu'à Libourne où il passe la nuit du 16 au 17 juillet. Le lendemain, sans attendre l'artillerie qui peine à avancer sur les chemins boueux, cavaliers et piétons se dirigent rapidement vers Castillon. Ils attaquent le prieuré. La petite garnison française se replie tant bien que mal vers le camp retranché, de l'autre côté de la Lidoire.
Là-dessus, les soldats anglais et gascons se désaltèrent avec quelques barriques de bon vin local, tandis que Talbot se dispose à entendre la messe. Mais les Castillonnais ne lui en laissent pas le temps. Sur la foi d'un mystérieux nuage de poussière, ils l'informent que les Français seraient en train de lever le camp !
Talbot décide de les attaquer sans attendre. Las ! L'information était fausse... Quand les Anglais et les Gascons arrivent devant le fossé qui entoure le camp retranché, il sont accueillis par un bombardement nourri de toutes les bouches à feu. Les Anglo-gascons s'entêtent. Les cavaliers mettent pied à terre et combattent au corps à corps, arrivant même à planter un étendard sur la palissade du camp. Mais là-dessus, les Bretons qui campaient de l'autre côté de la Lidoire déboulent et se jettent dans la mêlée aux côtés de leurs alliés français.
C'est la débandade. Des assaillants se noient dans la Dordogne en tentant de fuir. Le vieux Talbot est désarçonné et achevé d'un coup de hâche. Son fils, son porte-étendard et un grand nombre de seigneurs anglo-gascons succombent également. L'affrontement se solde par 9.000 morts, blessés et prisonniers en quelques heures.
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Re: 17 juillet 1453 : La guerre de Cent Ans prend fin à Castillon.
Salut à tous.Jacknap1948 a écrit:17 juillet 1453 : La guerre de Cent Ans prend fin à Castillon.
Le 17 juillet 1453, l'armée du roi de France se heurte à un corps expéditionnaire anglais sur les bords de la Dordogne, près du village de Castillon.
Cette bataille relativement mineure, l'une des rares qui se solde par une victoire des Français sur les Anglais, n'a pas le retentissement de Crécy, Poitiers ou Azincourt. Mais elle n'en marque pas moins la fin d'un long conflit qui restera connu dans l'Histoire sous le nom de guerre de Cent Ans.
André Larané, d'après les travaux du Groupe de recherches historiques et de sauvetages archéologiques du Castillonnais.
Foudroyante reconquête.
La phase finale de cette guerre intervient après le traité d'Arras entre le roi Charles VII et le duc de Bourgogne, et la mise sur pied d'une armée permanente, financée par un impôt tout aussi permanent.
Une armée anglaise, sous les ordres de Thomas Kyriel, vient en 1450 au secours des dernières places anglaises de Normandie. Malgré ses archers, elle est écrasée le 15 avril 1450, à Formigny, près de Bayeux, par l'armée française du comte de Clermont, qui bénéficie de l'arrivée impromptue du connétable de Richemont et de ses Bretons. Cette victoire permet au roi de France de reconquérir la basse vallée de la Seine.
Dans la foulée, l'ost royale, commandée par le comte de Penthièvre, descend la vallée de la Dordogne. Bergerac est conquise le 10 octobre 1450. Bordeaux se rend enfin aux Français par le traité du 12 juin 1451. Jean Bureau, conseiller du roi, est nommé «maire perpétuel» de Bordeaux. Les Anglais sont chassés de tout le continent à l'exception de Calais. La guerre de Cent Ans pourrait s'arrêter là.
Déception des Aquitains.
Mais à Bordeaux et dans l'Aquitaine, les sujets de Charles VII regrettent très vite les Anglais qui ménageaient leurs droits communaux et leur autonomie. Ils s'en plaignent au roi, à Bourges, mais celui-ci ne les écoute pas. Les Bordelais rappellent alors en catimini les Anglais.
Bien qu'empêtré dans la guerre dynastique des Deux Roses, le roi Henri VI de Lancastre expédie 3000 hommes en Aquitaine sous le commandement de John Talbot, comte de Shrewsbury, un vieux guerrier d'environ 70 ans qui s'est déjà illustré dans la guerre contre Jeanne d'Arc !
Le petit corps expéditionnaire débarque le 20 octobre 1452 près de Soulac, dans le Médoc, en un lieu encore appelé «l'Anse de l'Anglot». Il entre en triomphe à Bordeaux et reçoit le soutien des seigneurs gascons, en particulier de Jean de Grailly, vicomte de Castillon, l'un des hommes les plus influents d'Aquitaine. Un renfort bienvenu de 2000 hommes arrive également d'Angleterre, sous le commandement du propre fils de John Talbot, le seigneur de l'Isle.
Les Français et leurs alliés bretons, très offensifs, lancent une contre-attaque dès l'été suivant.
Leurs armées n'ont plus rien à voir avec les armées féodales des générations précédentes, qui furent battues à Azincourt, Poitiers, Crécy... Elles comptent des soldats professionnels, francs-archers à la solde du roi. Elles sont aussi commandées par des chefs au sang froid et dispose d'une artillerie opérationnelle : 300 bouches à feu ou «bombardes».
Un premier corps d'armée, sous le commandement de Jacques de Chabannes, Grand Maître de France, reprend Chalais, au nord de l'Aquitaine. Un autre corps d'armée descend la vallée de la Dordogne. Il est commandé par Jean de Blois, le comte Dunois et les frères Gaspard et Jean Bureau. Le premier est Trésorier de France et le second Grand Maître de l'Artillerie. Ils choisissent de ne pas marcher de suite sur Bordeaux et mettent le siège devant Castillon en Périgord, à une quinzaine de kilomètres en amont de Libourne.
Une petite cité paisible.
Le nom de «Castillon», mentionné dès 845, évoque une petite place fortifiée destinée à surveiller la Dordogne. C'est ainsi qu'autour d'un château fort s’est progressivement bâtie au Moyen-Âge une cité entourée de remparts. On y pénètre par trois portes, dont l’une, la «porte de fer», est encore visible au bord de la rivière. Créée très tôt par Charlemagne, la vicomté de Castillon dépend du duché d’Aquitaine.
La bataille qui va suivre n'a été racontée par aucun témoin direct, de sorte qu'une certaine incertitude continue de planer sur son déroulement.
Le choc.
L'armée royale, forte d'au moins 8.000 hommes, installe un camp retranché à proximité de la cité. Elle se retranche solidement entre la Dordogne et un petit affluent, la Lidoire, à l'aplomb d'un gué, le pas de Rauzan. Un détachement occupe le prieuré de Saint-Florent, au nord de Castillon.
John Talbot attend de pied ferme à Bordeaux l'arrivée des ennemis mais les Castillonnais le supplient de venir à leur secours et il finit par se laisser convaincre. C'est ainsi qu'avec ses Anglais et ses alliés gascons, au total 5.000 à 10.000 hommes, il remonte la Dordogne jusqu'à Libourne où il passe la nuit du 16 au 17 juillet. Le lendemain, sans attendre l'artillerie qui peine à avancer sur les chemins boueux, cavaliers et piétons se dirigent rapidement vers Castillon. Ils attaquent le prieuré. La petite garnison française se replie tant bien que mal vers le camp retranché, de l'autre côté de la Lidoire.
Là-dessus, les soldats anglais et gascons se désaltèrent avec quelques barriques de bon vin local, tandis que Talbot se dispose à entendre la messe. Mais les Castillonnais ne lui en laissent pas le temps. Sur la foi d'un mystérieux nuage de poussière, ils l'informent que les Français seraient en train de lever le camp !
Talbot décide de les attaquer sans attendre. Las ! L'information était fausse... Quand les Anglais et les Gascons arrivent devant le fossé qui entoure le camp retranché, il sont accueillis par un bombardement nourri de toutes les bouches à feu. Les Anglo-gascons s'entêtent. Les cavaliers mettent pied à terre et combattent au corps à corps, arrivant même à planter un étendard sur la palissade du camp. Mais là-dessus, les Bretons qui campaient de l'autre côté de la Lidoire déboulent et se jettent dans la mêlée aux côtés de leurs alliés français.
C'est la débandade. Des assaillants se noient dans la Dordogne en tentant de fuir. Le vieux Talbot est désarçonné et achevé d'un coup de hâche. Son fils, son porte-étendard et un grand nombre de seigneurs anglo-gascons succombent également. L'affrontement se solde par 9.000 morts, blessés et prisonniers en quelques heures.
Survenant quelques semaines après la chute de Constantinople aux mains des Turcs, la bataille de Castillon passe presque inaperçue des contemporains.
Triomphe capétien.
Après leur victoire, le 20 juillet, les Français entrent dans Castillon. Bordeaux se rend sans autre combat le 17 octobre 1453 et les Anglais rembarquent sans demander leur reste. Ils renoncent à jamais à l'Aquitaine et aux possessions continentales de la dynastie royale des Plantagenêt.
Le roi Charles VII de Valois, surnommé à juste titre le Bien-Servi ou le Victorieux, impose aux Aquitains une taxe à l'exportation et révoque la franchise sur les vins. Il meurt huit ans plus tard, le 22 juillet 1461, à 58 ans. Son fils et successeur, Louis XI, lève enfin la punition qui pèse sur les Aquitains en créant deux foires franches et réduisant les droits d'exportation. Les vignerons peuvent enfin reprendre leur fructueux commerce avec les Anglais.
Castillon-la-Bataille fait la fête.
Chaque été depuis 1976, les habitants de la petite ville de Castillon-la-Bataille célèbrent la bataille dans des spectacles nocturnes d'une très belle prestance, dans un décor naturel, avec cavalcades, reconstitutions en costumes, scénettes pittoresques,... Les festivités se prolongent en journée avec ripaille, musique et bonne humeur.
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Bonne fin de journée et à plus tard.
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