21 novembre 1831 : La révolte des canuts de Lyon.
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21 novembre 1831 : La révolte des canuts de Lyon.
21 novembre 1831 : La révolte des canuts de Lyon.
Le 21 novembre 1831 éclate sur la colline de la Croix-Rousse, au nord de Lyon, la révolte des canuts. La révolte se propage dans tous les quartiers ouvriers de la métropole. Les insurgés prennent pour emblème le drapeau noir et la devise : «Vivre en travaillant ou mourir en combattant».
Fabienne Manière.
Victimes du progrès technique.
On est au début de la Révolution industrielle... Le mot paupérisme, importé d'Angleterre en France en 1822, exprime le sentiment général que l'enrichissement de la bourgeoisie se paye de l'appauvrissement de la classe ouvrière.
À Lyon, les canuts, dont le nom vient du mot canette, ou bobine, sont des artisans qui tissent la soie à domicile sur leur propre métier à bras. Ils travaillent pour le compte des soyeux (les patrons négociants) qui leur fournissent la matière première et récupèrent le produit fini. Ils sont environ 6000 artisans et emploient 30.000 compagnons.
Le revenu des uns et des autres, 18 sous environ pour quinze heures de travail par jour, ne permet qu'une vie de misère. Du fait de métiers à tisser beaucoup plus productifs qu'auparavant, comme le métier Jacquard, et en dépit d'une demande soutenue, ce revenu est deux fois moindre que sous le Premier Empire !
Les canuts font appel au préfet du département, Louis Bouvier-Dumolart, et obtiennent qu'une commission paritaire fixe un tarif minimum. Le préfet fait ensuite afficher dans la ville la déclaration suivante : «Si par exception quelques ouvriers honnêtes ont encore des griefs à faire redresser, les voies légitimes leur sont ouvertes, et ils sont assurés d'y trouver une bienveillante justice». Mais en recevant les délégués ouvriers, il a enfreint la loi Le Chapelier (1791) qui interdit les associations ouvrières et cela lui vaut d'être désavoué par Paris.
Patrons réfractaires aux concessions.
Plus gravement, certains soyeux refusent d'appliquer le tarif minimum en prétextant comme de coutume de la concurrence internationale et des contraintes du marché. Les canuts, en colère, se mettent en grève. Le 19 novembre 1831, au cœur de la Croix-Rousse, ils font face à la garde nationale. Des coups de feu claquent. La révolte gronde.
Deux jours plus tard, les canuts descendent de leur colline, drapeau noir en tête, et occupent le centre de Lyon après quelques combats avec les forces de l'ordre. On compte une centaine de morts. Maîtres de la deuxième ville de France mais ne sachant que faire de leur victoire, les canuts et la garde nationale, qui s'est finalement ralliée à eux, constituent un comité insurrectionnel pour se donner le temps de réfléchir. Ils s'abstiennent soigneusement de tout pillage.
Voilà le roi Louis-Philippe 1er confronté à sa première révolte sociale à peine plus d'un an après son accession au pouvoir. Le Président du Conseil Casimir Perier, par-dessus tout soucieux d'ordre, envoie 20.000 soldats sous les ordres du maréchal Soult aux portes de Lyon. Ils attendent patiemment que les insurgés se lassent.
Enfin, le 5 décembre 1831, les troupes peuvent entrer dans la ville sans effusion de sang. La garde nationale est désarmée et dissoute, le tarif minimum abrogé et le préfet, jugé trop conciliant, révoqué. Une dizaine de canuts seulement sont traduits en justice... et bientôt acquittés.
Frayeur dans les salons.
Casimir Perier déclare à la Chambre des députés : «Il faut que les ouvriers sachent qu'il n'y a de remède pour eux que la patience et la résignation». Il n'aura guère le temps de savourer son succès. Épuisé par le travail, il contracte le choléra lors d'une visite auprès des malades à l'Hôtel-Dieu de Paris et meurt le 16 mai 1832.
Dans le Journal des débats, le 8 décembre 1831, Saint Marc Girardin, conseiller d'État, exprime la frayeur des classes possédantes face à la révolte des canuts, si nouvelle dans son principe : «La sédition de Lyon de 1831 a révélé un grave secret, celui de la lutte intestine qui a lieu dans la société entre la classe qui possède et celle qui ne possède pas.. Notre société commerciale et industrielle a sa plaie comme toutes les autres sociétés ; cette plaie, ce sont les ouvriers. Point de fabrique sans ouvriers, et avec une population d'ouvriers toujours croissante et toujours nécessiteuse, point de repos pour la société [...].
Les barbares qui menacent la Société ne sont point au Caucase ; ils sont dans les faubourgs de nos villes manufacturières».
La «Sanglante semaine».
À nouveau les canuts lyonnais se soulèvent en 1834, après que des meneurs aient été traduits en justice pour avoir dénoncé des baisses de salaires et fait grève. Cette fois, ils trouvent en face d'eux le ministre de l'Intérieur Adolphe Thiers, beaucoup moins accommodant que Casimir Perier. Il laisse les manifestants ériger des barricades puis fait donner la troupe. Celle-ci va méthodiquement reconquérir la ville.
On compte environ 600 morts et 10.000 arrestations au cours de la «Sanglante semaine» du 9 au 15 avril 1834. La répression rassure les possédants sur la détermination du gouvernement à les protéger contre les barbares des faubourgs. C'est un prélude à la «Semaine sanglante» de 1871 par laquelle le même Thiers mettra un terme à la Commune de Paris.
Une semaine d'Histoire du 21 Novembre 2011 au 27 Novembre 2011 avec Herodote.net
Le 21 novembre 1831 éclate sur la colline de la Croix-Rousse, au nord de Lyon, la révolte des canuts. La révolte se propage dans tous les quartiers ouvriers de la métropole. Les insurgés prennent pour emblème le drapeau noir et la devise : «Vivre en travaillant ou mourir en combattant».
Fabienne Manière.
Victimes du progrès technique.
On est au début de la Révolution industrielle... Le mot paupérisme, importé d'Angleterre en France en 1822, exprime le sentiment général que l'enrichissement de la bourgeoisie se paye de l'appauvrissement de la classe ouvrière.
À Lyon, les canuts, dont le nom vient du mot canette, ou bobine, sont des artisans qui tissent la soie à domicile sur leur propre métier à bras. Ils travaillent pour le compte des soyeux (les patrons négociants) qui leur fournissent la matière première et récupèrent le produit fini. Ils sont environ 6000 artisans et emploient 30.000 compagnons.
Le revenu des uns et des autres, 18 sous environ pour quinze heures de travail par jour, ne permet qu'une vie de misère. Du fait de métiers à tisser beaucoup plus productifs qu'auparavant, comme le métier Jacquard, et en dépit d'une demande soutenue, ce revenu est deux fois moindre que sous le Premier Empire !
Les canuts font appel au préfet du département, Louis Bouvier-Dumolart, et obtiennent qu'une commission paritaire fixe un tarif minimum. Le préfet fait ensuite afficher dans la ville la déclaration suivante : «Si par exception quelques ouvriers honnêtes ont encore des griefs à faire redresser, les voies légitimes leur sont ouvertes, et ils sont assurés d'y trouver une bienveillante justice». Mais en recevant les délégués ouvriers, il a enfreint la loi Le Chapelier (1791) qui interdit les associations ouvrières et cela lui vaut d'être désavoué par Paris.
Patrons réfractaires aux concessions.
Plus gravement, certains soyeux refusent d'appliquer le tarif minimum en prétextant comme de coutume de la concurrence internationale et des contraintes du marché. Les canuts, en colère, se mettent en grève. Le 19 novembre 1831, au cœur de la Croix-Rousse, ils font face à la garde nationale. Des coups de feu claquent. La révolte gronde.
Deux jours plus tard, les canuts descendent de leur colline, drapeau noir en tête, et occupent le centre de Lyon après quelques combats avec les forces de l'ordre. On compte une centaine de morts. Maîtres de la deuxième ville de France mais ne sachant que faire de leur victoire, les canuts et la garde nationale, qui s'est finalement ralliée à eux, constituent un comité insurrectionnel pour se donner le temps de réfléchir. Ils s'abstiennent soigneusement de tout pillage.
Voilà le roi Louis-Philippe 1er confronté à sa première révolte sociale à peine plus d'un an après son accession au pouvoir. Le Président du Conseil Casimir Perier, par-dessus tout soucieux d'ordre, envoie 20.000 soldats sous les ordres du maréchal Soult aux portes de Lyon. Ils attendent patiemment que les insurgés se lassent.
Enfin, le 5 décembre 1831, les troupes peuvent entrer dans la ville sans effusion de sang. La garde nationale est désarmée et dissoute, le tarif minimum abrogé et le préfet, jugé trop conciliant, révoqué. Une dizaine de canuts seulement sont traduits en justice... et bientôt acquittés.
Frayeur dans les salons.
Casimir Perier déclare à la Chambre des députés : «Il faut que les ouvriers sachent qu'il n'y a de remède pour eux que la patience et la résignation». Il n'aura guère le temps de savourer son succès. Épuisé par le travail, il contracte le choléra lors d'une visite auprès des malades à l'Hôtel-Dieu de Paris et meurt le 16 mai 1832.
Dans le Journal des débats, le 8 décembre 1831, Saint Marc Girardin, conseiller d'État, exprime la frayeur des classes possédantes face à la révolte des canuts, si nouvelle dans son principe : «La sédition de Lyon de 1831 a révélé un grave secret, celui de la lutte intestine qui a lieu dans la société entre la classe qui possède et celle qui ne possède pas.. Notre société commerciale et industrielle a sa plaie comme toutes les autres sociétés ; cette plaie, ce sont les ouvriers. Point de fabrique sans ouvriers, et avec une population d'ouvriers toujours croissante et toujours nécessiteuse, point de repos pour la société [...].
Les barbares qui menacent la Société ne sont point au Caucase ; ils sont dans les faubourgs de nos villes manufacturières».
La «Sanglante semaine».
À nouveau les canuts lyonnais se soulèvent en 1834, après que des meneurs aient été traduits en justice pour avoir dénoncé des baisses de salaires et fait grève. Cette fois, ils trouvent en face d'eux le ministre de l'Intérieur Adolphe Thiers, beaucoup moins accommodant que Casimir Perier. Il laisse les manifestants ériger des barricades puis fait donner la troupe. Celle-ci va méthodiquement reconquérir la ville.
On compte environ 600 morts et 10.000 arrestations au cours de la «Sanglante semaine» du 9 au 15 avril 1834. La répression rassure les possédants sur la détermination du gouvernement à les protéger contre les barbares des faubourgs. C'est un prélude à la «Semaine sanglante» de 1871 par laquelle le même Thiers mettra un terme à la Commune de Paris.
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À mon très grand ami Patrice († 58).
À ma petite belle-fille Gaëlle († 31).
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