11 septembre 1973 : Mort tragique de Salvador Allende.
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11 septembre 1973 : Mort tragique de Salvador Allende.
11 septembre 1973 : Mort tragique de Salvador Allende.
Le 11 septembre 1973, au Chili, le gouvernement d'Unité Populaire est renversé dans des conditions dramatiques.
C'est pour le pays la fin d'une pratique démocratique vieille de plusieurs décennies qui lui avait valu le surnom autrefois élogieux de «Prusse de l'Amérique du sud» ou encore de «Suisse de l'Amérique du sud».
André Larané.
Une élection hasardeuse.
Trois ans plus tôt, le 4 septembre 1970, Salvador Allende a été élu à la présidence de la République avec 36,3% des suffrages, face à deux candidats de droite dont Jorge Alessandri, qui a obtenu 35% des suffrages, et Radomiro Tomic (27,8% des suffrages).
L'élection a été validée par le Parlement grâce au soutien de la démocratie-chrétienne. Pour la première fois, un marxiste accédait par les urnes à la tête d'un pays d'Amérique latine.
Une présidence fragile.
Médecin franc-maçon issu de la riche bourgeoisie, le nouveau président s'appuie sur une coalition hétérogène qui va du centre réformiste à l'extrême gauche révolutionnaire (trotskystes et maoïstes) en passant par les communistes. Le parti socialiste de Salvador Allende se situe lui-même plus à gauche que le parti communiste et aspire à rien moins qu'à la rupture avec le capitalisme.
L'extrême-gauche contre Allende.
Ses mesures sociales (nationalisation des mines de cuivre et des principales entreprises du pays, réforme agraire, blocage des prix, augmentation des salaires...), tantôt trop modérées, tantôt trop radicales, ne font jamais l'unanimité dans son camp.
Le Chili est bientôt secoué par l'agitation violente de l'extrême-gauche révolutionnaire (le MIR). Contre l'avis des communistes eux-mêmes, elle exproprie les propriétaires terriens en-dehors de toute légalité.
Les prix flambent et la production alimentaire s'effondre. Le pays est bientôt paralysé par des grèves à répétition, dont celle des camionneurs. Les ménagères descendent dans la rue.
La droite contre Allende.
Salvador Allende doit par ailleurs faire face à une opposition de droite majoritaire au Parlement. Elle est soutenue en sous-main par les agents secrets de la CIA américaine et financée par les multinationales implantées dans le pays, au premier rang desquelles figure le trust de télécom ITT.
Le président américain Richard Nixon et son Secrétaire d'État Henry Kissinger, empêtrés par ailleurs dans le bourbier vietnamien, craignent la réédition d'un coup d'État prosoviétique à la façon de Fidel Castro, à Cuba, dix ans plus tôt.
L'extrême-droite commet un attentat meurtrier contre le commandant en chef de l'armée de terre, le général René Schneider, fidèle soutien du président.
L'armée au secours d'Allende.
Pour faire face aux menaces qui l'assaillent de toutes parts, Salvador Allende appelle les militaires à son secours. Se méfiant à juste titre de l'armée de l'air et de la marine, aux traditions aristocratiques, il se repose sur l'armée de terre, légitimiste et au recrutement plus populaire. Il lui donne un nouveau commandant en chef en la personne de Carlos Prat. Celui-ci nomme à ses côtés, comme chef d'état-major, un général falot de 58 ans, peu suspect d'activisme, issu d'un milieu populaire et franc-maçon comme le président, un certain Augusto Pinochet.
En novembre 1972, Carlos Prats devient chef du gouvernement et ministre de l'Intérieur tandis que Pinochet le remplace à la tête de l'armée de terre. Le 19 juin 1973, Prats et Pinochet font face, ensemble, à la rébellion d'un groupe d'officiers.
Mais comme la situation économique ne fait qu'empirer, le Parlement prive Salvador Allende de tout moyen d'action et tente de le récuser. Le président ne voit bientôt plus d'autre issue que dans un référendum...
L'armée s'insurge.
Le 23 août 1973, Carlos Prats laisse le commandement de l'armée de terre à Augusto Pinochet.
À peine deux semaines plus tard, les commandants de l'armée de l'air et de la marine décident de mettre un terme par la force à l'expérience socialiste. Non sans peine, le 9 septembre, ils persuadent le général Pinochet de se joindre à la junte.
C'est ainsi que, le matin du 11 septembre 1973, des unités de la marine neutralisent le port de Valparaiso. Peu après, à Santiago-du-Chili, les soldats investissent le palais présidentiel de La Moneda, construit en 1806.
Vers midi, l'aviation bombarde le palais et les soldats y pénètrent enfin. Après une allocution désespérée à la radio, le président demande à ses défenseurs de quitter les lieux. Resté seul, il se suicide d'une rafale de mitraillette. Il a 65 ans.
Dans les jours qui suivent, plusieurs dizaines de milliers de personnes suspectes de sympathies marxistes sont raflées et concentrées dans le sinistre stade de Santiago (*).
Trois mille d'entre elles disparaissent tragiquement dans les geôles militaires ; beaucoup sont torturées avant d'être exécutées de diverses façons comme d'être lâchées du haut d'un avion dans l'océan !
Ce déchaînement de violence sadique vaudra un quart de siècle plus tard une inculpation de crime contre l'humanité à Augusto Pinochet.
La dictature en marche.
Contre toute attente, le commandant de l'armée de terre a réussi en effet à prendre l'ascendant sur ses homologues de l'air et de la marine. Animé par une immense soif de revanche, il utilise la violence pour asseoir son pouvoir sur le pays.
Après avoir laissé pendant quelques jours les militaires se défouler, il confie la police politique à un organisme à sa dévotion, la DINA (Dirección de Inteligencia Nacional). Celle-ci, dans les années suivantes, va méticuleusement traquer les opposants, au Chili et à l'étranger.
En 1974, le général Carlos Prats et son épouse sont tués dans un attentat à la voiture piégée à Buenos Aires. Deux ans plus tard, à Washington, c'est le tour d'Orlando Lettellier.
En attendant, le nouveau président de la République appelle à ses côtés de jeunes économistes diplômés de l'Université de Chicago, les «Chicago Boys», pour remettre l'économie sur ses pieds. Ils vont y réussir en appliquant à la lettre les recettes libérales de l'économiste américain Milton Friedman.
En 1980, Augusto Pinochet, soucieux de légitimer son pouvoir, appelle ses concitoyens à ratifier par plébiscite une nouvelle Constitution.
Le 5 octobre 1988, enfin, le «chef suprême de la Nation» met son pouvoir en jeu à l'occasion d'un référendum. Cette fois, l'URSS étant à l'agonie, il n'est plus d'aucune utilité pour Washington, qui n'a plus à craindre les menées soviétiques en Amérique latine. 54% des Chiliens se prononcent contre la prolongation du mandat de Pinochet.
Fin de règne.
Augusto Pinochet quitte donc la présidence de la République le 11 mars 1990... tout en conservant 8 ans encore le commandement de l'armée de terre! Lentement, le Chili sort de la dictature et renoue avec ses traditions démocratiques.
Sénateur à vie, l'ancien dictateur est arrêté le 16 octobre 1998, lors d'un voyage à Londres, suite à une poursuite engagée par le juge espagnol Baltazar Garzon pour crime contre l'humanité. Il regagne le Chili après 503 jours de détention.
Il meurt le 10 décembre 2006, richissime mais honni par la plupart de ses concitoyens... Pendant ce temps, à La Havane (Cuba), un autre dictateur sanguinaire (Fidel Castro) arrive paisiblement au terme d'un demi-siècle de pouvoir ininterrompu.
Une semaine d'Histoire du 5 Septembre 2011 au 11 Septembre 2011 avec Herodote.net
Le 11 septembre 1973, au Chili, le gouvernement d'Unité Populaire est renversé dans des conditions dramatiques.
C'est pour le pays la fin d'une pratique démocratique vieille de plusieurs décennies qui lui avait valu le surnom autrefois élogieux de «Prusse de l'Amérique du sud» ou encore de «Suisse de l'Amérique du sud».
André Larané.
Une élection hasardeuse.
Trois ans plus tôt, le 4 septembre 1970, Salvador Allende a été élu à la présidence de la République avec 36,3% des suffrages, face à deux candidats de droite dont Jorge Alessandri, qui a obtenu 35% des suffrages, et Radomiro Tomic (27,8% des suffrages).
L'élection a été validée par le Parlement grâce au soutien de la démocratie-chrétienne. Pour la première fois, un marxiste accédait par les urnes à la tête d'un pays d'Amérique latine.
Une présidence fragile.
Médecin franc-maçon issu de la riche bourgeoisie, le nouveau président s'appuie sur une coalition hétérogène qui va du centre réformiste à l'extrême gauche révolutionnaire (trotskystes et maoïstes) en passant par les communistes. Le parti socialiste de Salvador Allende se situe lui-même plus à gauche que le parti communiste et aspire à rien moins qu'à la rupture avec le capitalisme.
L'extrême-gauche contre Allende.
Ses mesures sociales (nationalisation des mines de cuivre et des principales entreprises du pays, réforme agraire, blocage des prix, augmentation des salaires...), tantôt trop modérées, tantôt trop radicales, ne font jamais l'unanimité dans son camp.
Le Chili est bientôt secoué par l'agitation violente de l'extrême-gauche révolutionnaire (le MIR). Contre l'avis des communistes eux-mêmes, elle exproprie les propriétaires terriens en-dehors de toute légalité.
Les prix flambent et la production alimentaire s'effondre. Le pays est bientôt paralysé par des grèves à répétition, dont celle des camionneurs. Les ménagères descendent dans la rue.
La droite contre Allende.
Salvador Allende doit par ailleurs faire face à une opposition de droite majoritaire au Parlement. Elle est soutenue en sous-main par les agents secrets de la CIA américaine et financée par les multinationales implantées dans le pays, au premier rang desquelles figure le trust de télécom ITT.
Le président américain Richard Nixon et son Secrétaire d'État Henry Kissinger, empêtrés par ailleurs dans le bourbier vietnamien, craignent la réédition d'un coup d'État prosoviétique à la façon de Fidel Castro, à Cuba, dix ans plus tôt.
L'extrême-droite commet un attentat meurtrier contre le commandant en chef de l'armée de terre, le général René Schneider, fidèle soutien du président.
L'armée au secours d'Allende.
Pour faire face aux menaces qui l'assaillent de toutes parts, Salvador Allende appelle les militaires à son secours. Se méfiant à juste titre de l'armée de l'air et de la marine, aux traditions aristocratiques, il se repose sur l'armée de terre, légitimiste et au recrutement plus populaire. Il lui donne un nouveau commandant en chef en la personne de Carlos Prat. Celui-ci nomme à ses côtés, comme chef d'état-major, un général falot de 58 ans, peu suspect d'activisme, issu d'un milieu populaire et franc-maçon comme le président, un certain Augusto Pinochet.
En novembre 1972, Carlos Prats devient chef du gouvernement et ministre de l'Intérieur tandis que Pinochet le remplace à la tête de l'armée de terre. Le 19 juin 1973, Prats et Pinochet font face, ensemble, à la rébellion d'un groupe d'officiers.
Mais comme la situation économique ne fait qu'empirer, le Parlement prive Salvador Allende de tout moyen d'action et tente de le récuser. Le président ne voit bientôt plus d'autre issue que dans un référendum...
L'armée s'insurge.
Le 23 août 1973, Carlos Prats laisse le commandement de l'armée de terre à Augusto Pinochet.
À peine deux semaines plus tard, les commandants de l'armée de l'air et de la marine décident de mettre un terme par la force à l'expérience socialiste. Non sans peine, le 9 septembre, ils persuadent le général Pinochet de se joindre à la junte.
C'est ainsi que, le matin du 11 septembre 1973, des unités de la marine neutralisent le port de Valparaiso. Peu après, à Santiago-du-Chili, les soldats investissent le palais présidentiel de La Moneda, construit en 1806.
Vers midi, l'aviation bombarde le palais et les soldats y pénètrent enfin. Après une allocution désespérée à la radio, le président demande à ses défenseurs de quitter les lieux. Resté seul, il se suicide d'une rafale de mitraillette. Il a 65 ans.
Dans les jours qui suivent, plusieurs dizaines de milliers de personnes suspectes de sympathies marxistes sont raflées et concentrées dans le sinistre stade de Santiago (*).
Trois mille d'entre elles disparaissent tragiquement dans les geôles militaires ; beaucoup sont torturées avant d'être exécutées de diverses façons comme d'être lâchées du haut d'un avion dans l'océan !
Ce déchaînement de violence sadique vaudra un quart de siècle plus tard une inculpation de crime contre l'humanité à Augusto Pinochet.
La dictature en marche.
Contre toute attente, le commandant de l'armée de terre a réussi en effet à prendre l'ascendant sur ses homologues de l'air et de la marine. Animé par une immense soif de revanche, il utilise la violence pour asseoir son pouvoir sur le pays.
Après avoir laissé pendant quelques jours les militaires se défouler, il confie la police politique à un organisme à sa dévotion, la DINA (Dirección de Inteligencia Nacional). Celle-ci, dans les années suivantes, va méticuleusement traquer les opposants, au Chili et à l'étranger.
En 1974, le général Carlos Prats et son épouse sont tués dans un attentat à la voiture piégée à Buenos Aires. Deux ans plus tard, à Washington, c'est le tour d'Orlando Lettellier.
En attendant, le nouveau président de la République appelle à ses côtés de jeunes économistes diplômés de l'Université de Chicago, les «Chicago Boys», pour remettre l'économie sur ses pieds. Ils vont y réussir en appliquant à la lettre les recettes libérales de l'économiste américain Milton Friedman.
En 1980, Augusto Pinochet, soucieux de légitimer son pouvoir, appelle ses concitoyens à ratifier par plébiscite une nouvelle Constitution.
Le 5 octobre 1988, enfin, le «chef suprême de la Nation» met son pouvoir en jeu à l'occasion d'un référendum. Cette fois, l'URSS étant à l'agonie, il n'est plus d'aucune utilité pour Washington, qui n'a plus à craindre les menées soviétiques en Amérique latine. 54% des Chiliens se prononcent contre la prolongation du mandat de Pinochet.
Fin de règne.
Augusto Pinochet quitte donc la présidence de la République le 11 mars 1990... tout en conservant 8 ans encore le commandement de l'armée de terre! Lentement, le Chili sort de la dictature et renoue avec ses traditions démocratiques.
Sénateur à vie, l'ancien dictateur est arrêté le 16 octobre 1998, lors d'un voyage à Londres, suite à une poursuite engagée par le juge espagnol Baltazar Garzon pour crime contre l'humanité. Il regagne le Chili après 503 jours de détention.
Il meurt le 10 décembre 2006, richissime mais honni par la plupart de ses concitoyens... Pendant ce temps, à La Havane (Cuba), un autre dictateur sanguinaire (Fidel Castro) arrive paisiblement au terme d'un demi-siècle de pouvoir ininterrompu.
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À mon très grand ami Patrice († 58).
À ma petite belle-fille Gaëlle († 31).
Décor "simpliste" sur lequel nous avions rejoué, à 9 joueurs, la Bataille d'Eylau en 1807.
Jacknap1948- Administrateur
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Date d'inscription : 28/03/2011
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Humeur : Généralement bonne.
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